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Evénement tragique le 11 septembre 1968. Un avion à destination de Nice s'abîme en mer. Parti d'Ajaccio, l'appareil avait à son bord 95 personnes. Un crash encore non résolu aujourd'hui, mais remis en lumière par un récent témoignage.
Que s'est-il passé ce jour de septembre 1968 pour que la Caravelle III Béarn de la compagnie Air France disparaisse des radars 20 minutes après son décollage ?
Selon les enregistrements, à 10 h 30, l'équipage mentionne la présence d'un incendie à bord de l'appareil. Face à la situation, le contrôle autorise le pilote à prendre une route prioritaire vers l'Aéroport de Nice.
Malgré les efforts, la Caravelle a disparu des radars à 10 h 33 alors qu'elle était à une quarantaine de kilomètres de son point d'arrivée. Aucun survivant parmi les 89 passagers et 6 membres d'équipage.

Dès le 12 septembre une enquête est ouverte. Après quatre ans d'investigations, le rapport final conclut que l'incendie s'est déclaré à l'arrière de la cabine, soit à cause du dysfonctionnement du chauffe-eau des toilettes, soit à cause d'un mégot de cigarette jeté par un passager.
L'étude d'une collision avec un autre avion ou avec un missile est rapidement écartée par le ministère de la Défense qui assure n'avoir procédé à aucun tir dans la zone de vol de la Caravelle.
Dossier clos jusqu'en 2012, année durant laquelle le procureur de la République de Nice, Eric de Montgolfier, rouvre l'enquête pour "dissimulation de documents et recel de preuves".
Un témoignage inédit
Ce lundi 18 avril 2022, l'affaire a pris une nouvelle tournure après la diffusion du magazine "Affaires sensibles" sur France 2.
Le reportage réalisé par Alexandra Colineau est revenu sur la catastrophe avec de nouveaux éléments d'archives déclassifiés sur demande d'Emmanuel Macron en 2019, mais surtout un témoignage d'importance.
Le jour de son trajet, la caravelle est passée à proximité de l'Ile du Levant sur laquelle se trouve un centre d'essai militaire, fermé à cette période à cause de la présence de naturistes. Une frégate nommée le Suffren se trouvait également non loin du lieu du crash.
Au cours de son investigation, la journaliste a recueilli le témoignage d'un ancien marin du bâtiment : "on a tiré un missile et un quart d'heure après, on nous a averti. On nous a alertés d'un accident ou d'un crash et on nous a dit que la frégate serait déportée sur le lieu du crash."
En 2011, Michel Laty, ancien dactylographe de l'armée et membre de la préfecture maritime de Toulon, déclarait de son côté : "On a abattu un avion civil au lieu d’abattre une cible programmée pour ça."
Des paroles sans réelle valeur juridique mais qui viennent appuyer un peu plus l'idée d'une collision avec un missile, thèse défendue par certaines familles des victimes. Une piste prise "très au sérieux", comme l'indiquait en juillet 2019 Alain Chemama, le doyen des juges d’instruction du tribunal niçois.