Un chef d'entreprise dont les bureaux sont installés du côté de Gambetta dénonce le climat de peur vécu par les résidents, causé par des trafiquants de drogue violents. Christian Estrosi annonce qu'il va mobiliser près d'un millier d'élus pour obtenir de nouvelles prérogatives en matière de sécurité.
L'homme a 64 ans, n'est pas Niçois mais a installé en ville sa boîte. Ce soir de mars, il s'est rendu à une réunion publique organisée par le maire, au gymnase Palmeira du paisible quartier Thiers. À Christian Estrosi, micro en main, il décrit un quotidien chamboulé "par les bandes de jeunes, de plus en plus violentes".
"Les femmes de ma petite rue du bas de Shakespeare (qu. Gambetta) sont intimidées, agressées. Je vous parle de gens qui souffrent et qui n'obtiennent pas de réponses et ça, c'est dramatique" commence-t-il par tonner. "Vos concitoyens sont menacés, témoins forcés du trafic de drogues".
"Est-ce le problème de Nice ? Non, c'est celui de la société, depuis le Covid. Notre situation, c'est celle de l'insécurité. Quand le problème sera-t-il, réellement, pris à bras-le-corps ? Quand les élus seront-ils avec nous ? On ne doit pas s'effacer devant ce combat-là".
Estrosi : "je mènerai ce combat"
La salle, 700 riverains, applaudit. Le maire aussi. Avant d'abonder : "Nous sommes en effet face à un fléau dominant : celui du trafic de drogues, parce qu'il est particulièrement juteux. Le préfet des Alpes-Maritimes a indiqué ces derniers jours que la délinquance niçoise est avant tout le fait d'étrangers : je ne l'ai pas attendu pour le dénoncer".
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"Ici, à 75%, les filières du narcotrafic sont tunisiennes" rappelle Christian Estrosi. "Bien des dealers sont des mineurs, menés par des caïds du Maghreb. Chacun sait que les mineurs sont protégés et bien vite relâchés, c'est le problème de la majorité pénale". Le vice-président du parti centriste Horizons avait déjà demandé, fin 2022, un abaissement à 16 ans, sans succès. "Il faudrait descendre à 14 ans" pose-t-il jeudi 14 mars. "Et quant aux trafics, il faut taper davantage sur les consommateurs".
Au sujet de "l'absence de réponses", le maire bat en brèche : "dans nos rues, les agents de proximité que vous voyez, ce sont les policiers municipaux. Pas les nationaux !"
"Ma réponse ne vous conviendra pas. Je pourrais vous dire que nous inaugurerons en fin d'année prochaine un Hôtel des Polices en centre-ville, unique en Europe. Vous rappeler que nous expulsons, à Nice, les dealers de leurs logements sociaux. Mais la vérité, c'est que l'Etat a tous les pouvoirs sur la sécurité".
"Ces compétences régaliennes, il devrait nous en transmettre une partie. Ce combat, je vais le mener. Très bientôt, nous lancerons un appel à une nouvelle décentralisation avec 800 maires".
Cette semaine, Nice-Presse comparait les derniers chiffres de la délinquance entre 2022 et 2023, mais aussi, sur un temps plus long, à 2016. En une dizaine d’années, le nombre de vols violents sans arme a baissé, de même que celui des cambriolages. Les agressions sont, elles, en hausse, tandis que les stups n'ont pas reculé.