100 millions de masques par semaine devraient être distribués aux professionnels de santé libéraux. Les opticiens, auxiliaires médicaux, pourront rouvrir complètement leurs portes dès le 11 mai.
CRISE SANITAIRE — "Ça va nous compliquer la vie ! Nous avons 35 pages de consignes à respecter". Christine Ziegler, gérante d’un petit magasin d’optique à La Valette du Var, prépare la reprise à une semaine du déconfinement. "Cela fait des jours que je me renseigne et que j’essaie de trouver des solutions aux problèmes qui se posent", déplore-t-elle.
"Un enfer"
À mi-chemin entre le domaine de la santé et du commerce, les opticiens doivent composer. "Surtout quand on a un petit local comme le nôtre", explique son collaborateur, Jean-Marie. En effet, les commerces de moins de 40 mètres carrés devront limiter à une personne l’accès à leur boutique.
"Le nombre de montures à essayer sera limité, les lunettes devront être nettoyées après chaque essayage, les appareils de mesure, l’appareil carte bleue, le téléphone…"
Désinfection obligatoire des mains à l’entrée, distribution de gants et de masques à usage unique pour les clients, rappel des mesures de sécurité et marques au sol pour respecter la distanciation sociale.
Une liste interminable de mesures pourtant nécessaires afin d’éviter une nouvelle vague épidémiologique. Une source de stress pour ces opticiens : "C’est un enfer de travailler comme ça !"
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De son côté Christine préfère ironiser : "Il n’est pas conseillé de se toucher le visage : ça va être simple tiens ! On fait essayer des lunettes !" ; "Désinfection du mobilier, des poignées et des sols : nous avons des sièges en tissus et une moquette, encore une fois ça va être pratique !"
Discipline des clients
Devant une telle liste de mesures, elle craint surtout un manque de discipline de la part des clients. "Les gens ne sauront pas tout ça, ce sera compliqué", explique-t-elle.
Pas d’inquiétude cependant chez son confrère de la boutique VL Optique. "Nous avons le droit de refuser l’accès au magasin à ceux qui ne portent pas de masque", explique-t-il, "je ne crois pas que ce soit aux commerçants de fournir des masques". Confiant concernant le respect des mesures de sécurité, il ouvre déjà ses portes aux clients. "Je nettoie toujours mon matériel, comme je le faisais avant d’ailleurs".
Dans le quartier du Mourillon, Bernard Hemery, propriétaire du magasin Optique Lamalgue a ouvert ses portes à la clientèle depuis une dizaine de jours "à horaires réduits".
Une reprise anticipée parfaitement légale. Les opticiens, bien que classés parmi les commerçants, sont autorisés à "réparer une monture cassée ou vendre des lentilles".
Promiscuité inévitable
Selon M. Hemery, il faut surtout faire preuve de civisme et de pédagogie. Mais surtout d’une méthode strictement appliquée. "Nous rappelons les mesures barrières dès l’entrée. Il y a une affluence de clients, mais les gens sont respectueux", affirme-t-il.
Pour ce faire, ce commerçant a dû anticiper : gel hydroalcolique et masques chirurgicaux pour chaque client et personnel, visières pour les salariés lors de la prise de mesures ou encore calcul minutieux de la distance entre chaque personne. "Nous avons prévu des bacs dans lesquels les clients déposent les montures essayées et les nettoyons avant l'utilisation par une tierce personne".
Malgré ces précautions la promiscuité inévitable lors d’examens optométriques est source de stress pour certains. "L’épidémie nous invite à repenser notre façon de travailler, favoriser la prise de rendez-vous par exemple", explique Christine.