Le maire de la ville-capitale dénonce l'écart entre la fermeté affichée du gouvernement et sa réalité sur le terrain. Il pointe notamment un préfet sur-médiatique mais peu efficace dans le 06.
"L'action de monsieur Hugues Moutouh, surnommé 'deux claques et au lit', se traduit surtout dans les discours". Le tacle est signé, ce jeudi 2 mai, Christian Estrosi. Dans une longue interview publiée dans Le Figaro, le maire de Nice (majorité présidentielle) étrille largement le gouvernement et son représentant dans les Alpes-Maritimes.
Première banderille au sujet du dernier déplacement du premier ministre, le 22 avril, au sujet de la violence des jeunes. Très mal organisé par le préfet, "pourtant dans la confidence depuis quinze jours". C'est bien simple, pour le président de la métropole, tout est à jeter : "une séquence extrêmement maladroite", "une démonstration molle", "de la communication peu convaincante, assez pathétique".
Rendez-vous pour lequel "les maires ont été tenus à l'écart, alors que la prévention relève pleinement aussi de leur autorité", illustrant ici "le manque de respect républicain du préfet".
Lequel manquerait sérieusement de résultats, toujours d'après Christian Estrosi. Une façon d'appeler à plus de décentralisation, en sa faveur… "La sécurité n'est pas simplement une compétence de l'État. Elle relève aussi d'élus placés chaque jour en première ligne face à tous les problèmes. C'est pour cela que j'attends une loi de décentralisation partageant la responsabilité entre le préfet et le maire, à parts égales. Croyez-moi, un vrai transfert nous permettrait d'être beaucoup plus efficaces".
"Le compte n'est toujours pas bon !"
Ce n'est pas la première fois que le maire de Nice dénonce le fossé qui existe entre la communication plus ou moins ferme de l'Etat en matière de sécurité, et la réalité des moyens mobilisés.
"Le compte n'est toujours pas bon à Nice !" le 7 mars dans nos colonnes, Christian Estrosi pointait les renforts de policiers nationaux promis, et qui se font toujours attendre. Une discussion au cours de laquelle il dénonçait "les mauvaises méthodes" du préfet Moutouh, qui ne lui transmet aucun chiffre de la délinquance, qui fait sa communication sur X (ex-Twitter) "comme un homme politique". Et dans une ville, il ne peut y avoir deux shérifs, semble-t-il.
Au cours de ses deux dernières réunions publiques dans les quartiers, l'édile a tenu exactement le même discours face aux riverains : "la sécurité, c'est avant tout l'affaire du préfet, même si on fait tout ce que nous pouvons. Lui, comme les ministres, vous les voyez auprès de vous ? Ils restent bien planqués, ou bien il ne sortent que de temps en temps, entourés d'une armada. Moi je suis auprès de vous, toujours à portée de baffes". Pour en prendre, mais aussi pour en donner quelques unes.