Le maire met en avant une "cohérence sur dix ans", tandis que le RN et les socialistes dénoncent "le non-sens total" de ces dépenses dans le contexte de la crise sanitaire
Abandonner le projet en cours de route ? "Une folie", rembarre le maire de Nice. Interrogé dans nos colonnes ce mardi 12 janvier, Christian Estrosi assure que la crise sanitaire n'a rien changé au programme pour ce qui est des démolitions programmées d'Acropolis et du Théâtre national de Nice (TNN).
L'objectif ? Bâtir un autre palais des congrès à l'ouest avec des "dimensions internationales", alors que l'existant "n'est plus assez compétitif", et prolonger la Coulée verte vers le nord en lieu et place.
Le projet, présenté en janvier 2020, pendant les municipales, est issu "d'une cohérence de dix ans pour une vision de long terme" rappelle le maire.
Et de citer les chantiers déjà mis en oeuvre pour conforter la place de Nice dans l'accueil des évènements internationaux : à l'ouest, "nous aurons bientôt un pôle multimodal majeur, qui a nécessité des investissements" alors qu'une "offre d'hébergements, à terme égale voire supérieure à celles de Cannes et Monaco" est en cours de développement.
"Nous avons réussi à faire venir un Sheraton, un Hilton ou encore l’hôtel de luxe qui va arriver au couvent de la Visitation (vieux-Nice). Il a fallu convaincre les investisseurs dans cette vision, ils nous on fait confiance" vante encore le maire.
Un plan en plusieurs volets qui ne convainc, un an après, toujours pas l'opposition.
À l'occasion d'un entretien accordé à Nice Presse, Philippe Vardon, élu de l'opposition Rassemblement national au conseil municipal, condamne l'ensemble de l'idée :
"C’était un non-sens total dans le monde d’avant, ça l’est d’autant plus avec la crise sanitaire. Le temps des salles immenses est révolu"
Philippe Vardon à Nice-Presse
"Les espaces d’accueil doivent être dans le centre, pas à l’ouest dans un quartier où les immeubles de bureaux n’ont jamais été loués par personne. Christian Estrosi ne comprend rien à l’évènementiel."
"Il ne faut pas détruire Acropolis, parce que la vérité c’est que les Niçois y sont attachés et que c’est le quartier autour qu’on a laissé s’effondrer sur lui-même."
Avant de promettre :
"Il n’est pas légitime pour mener ce projet, les Niçois n’en veulent pas. Qu’il fasse un référendum, et il verra. La démocratie locale, ça ne peut pas être tous les six ans. Sur ce sujet, nous allons continuer de nous mobiliser"
Philippe Vardon à Nice-Presse
L'idée de ce référendum local a fait son chemin chez l'ancien élu socialiste et président de Nice au coeur Patrick Allemand, qui le réclame également.
"Nous réaffirmons notre hostilité au projet de destruction (…) Concernant le TNN, chacun mesure que l'église des Franciscains ne peut en aucun cas se substituer à l'actuel théâtre. De plus la destruction de ce bâtiment créerait des dégâts irréversibles à un ensemble architectural remarquable qui englobe l'esplanade Nicki de Saint Phalle et le MAMAC" argumente-t-il.
Avant de défendre "Acropolis, (qui) demeure opérationnel et compétitif. Il l'a démontré encore en 2019".
"Rien n'indique qu'après la pandémie de la Covid, le tourisme d'affaires reprendra sa croissance. Y aura-t-il encore de grands congrès comme avant la pandémie ? Personne ne peut l'affirmer avec certitude"
Patrick Allemand à Nice-Presse
"Nice au Cœur s'oppose au projet et appelle les Niçois et les Niçoises à s'y opposer avec la plus grande fermeté."
Les élus verts de Nice Écologique n'ont pas retourné notre demande de commentaire.
Réaction agacée du maire face à ces remontrances :
"L’opposition se positionne sur le sujet parce qu’elle n’a aucune compétence dans la gestion d’une ville. Je reconnais bien là cette courte vue des écolos intégristes et de l’extrême droite, les deux défenseurs de la décroissance"
Christian Estrosi à Nice-Presse