L'opposition écolo s'en prend aux aides de la Ville destinées à nos athlètes de haut niveau, les qualifiant de « sportifs millionnaires ». Le RN, lui, dénonce les subventions aux collectifs "communautaristes ou politiques", comme "le centre LGBT". Une "honte" répond la Ville de Nice.
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C'est une tradition pour les conseils municipaux dans à peu près toutes les communes : les coups de pattes entre l'exécutif local et les élus de l'opposition sur les subventions. Celui de Nice, hier jeudi 25 mars, n'y a pas échappé. Avec une passe d'arme attendue : celle qui s'est jouée entre les élus écolos et la majorité sur l'attribution d'un coup de pouce aux sportifs (Fabio Quartararo,…) les Verts réclamant une indexation sur les revenus perçus pour ne pas en accorder à ceux qui gagnent plus de 100.000 euros par an.
La délibération visait à statuer sur l'octroi d'une aide allant de 2.500 à 35.000 euros (340.000 euros au total) pour vingt-huit athlètes de haut-niveau. Certains d'entre eux préparent depuis un moment déjà les Jeux Olympiques de Tokyo, où ils porteront haut les couleurs de Nice. "Une grande visibilité pour la ville et la Métropole" se réjouit la collectivité, qui défend "sa reconnaissance pour les sacrifices effectués", balayant le qualitif de « sportifs millionnaires » lancé par Juliette Chesnel (EELV).
Le groupe Nice Écologique s'était déjà opposé au soutien de la municipalité pour le Grand prix du Castellet (Var), alors même que l'évènement génère des retombées économiques considérables pour notre ville.
"Assos communautaristes, politiques"
Mais le gouvernement municipal mené par Christian Estrosi a également essuyé les feux croisés des élus d'extrême droite. Pour Retrouver Nice (Rassemblement national), "la Ville de Nice accorde des subventions à des associations bien discutables (sic) comme le centre LGBT et l’association Paje (Pasteur Avenir Jeunesse, NDLR) qui ont un agenda militant ou intervenant dans le champ politique et électoral".
Co-financées par la ville, elles auraient "à plusieurs reprises appelé à voter" pour la droite. Une intervention effectuée dans le cadre d’une prise de parole du groupe sur les "associations communautaristes".
Sollicité par Nice-Presse, le président du centre LGBT Côte d'Azur Erwann Le Hô défend son "association impartiale" reconnaissant une seule consigne de vote, en 2015. "L’ancien responsable du Bloc Identitaire fait référence sans doute au deuxième tour des dernières élections régionales où nous avons appelé à battre Marion Maréchal-Le Pen, qui remet en question l’avortement et qui avait elle-même défilé dans les rues avec les pires réactionnaires contre l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, et dont la famille politique soutient des pouvoirs qui partout dans le monde discriminent et pourchassent les personnes LGBT".
Sans rien renier, évidemment, de cette prise de position : "je suis fier d’annoncer à monsieur Vardon que nous continuerons, avec fierté, à faire face et nous opposer sans faillir aux personnes et aux mouvements, quels que soient leurs couleurs politiques, qui veulent que perdurent les discriminations et qui s’attaquent aux droits des femmes et aux droits des personnes LGBT".
L'élu RN Philippe Vardon a conclu son exposé sur l'exemple d'un club sportif subventionné qui aurait un caractère communautariste.
Un ensemble balayé d'un très vif revers de main par le maire. "Vous me donnez la nausée (…) vous êtes lamentables, pitoyables. Honte à vous" a ainsi répondu Christian Estrosi, mettant en avant l'absence "de preuves" des élus lepénistes et défendant des aides en soutien "aux 70.000 licenciés" de la ville et "aux Niçois qui font briller la France".
Droits LGBT : clair engagement chez Estrosi, flou artistique pour Vardon
Compliqué, il y a encore quelques années, de suivre l'opinion du maire sur ces questions. En tant que député, il a voté contre le Pacs, avant d'être l'un des premiers maires de droite à en célébrer. Plus tard, il a également voté contre le "Mariage pour Tous", avant de se dire "ravi" d'en célébrer à Nice. Depuis, il a reconnu "des erreurs de jugement". L'édile, qui ne maîtrise pas encore tout à fait le sujet (il avait fait tousser en appelant à "respecter le choix de vie (sic) des homosexuels" à l'occasion des voeux 2020 du Refuge à Nice) "est ouvert à toutes les discussions, proche des assos, volontaire. Il a fait du chemin" nous précise-t-on du côté de son cabinet.
Toute autre ambiance du côté du conseiller régional RN. Également opposé au mariage entre les personnes de même sexe, Philippe Vardon dément "toute homophobie", mais trouve le carnaval gay niçois "ridicule", tacle la présence d'Estrosi en 2015 dans une manif LGBT en la qualifiant de "soumission morale et clientéliste". Nice-Presse avait publié en janvier 2020 une enquête sur la haine des gays dans notre ville : parmi les candidats à la municipale niçoise, tous avaient réagi, de la gauche radicale à la droite. Tous, sauf Philippe Vardon. Étonnant ?