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Face à la droite menée par la sénatrice sortante Dominique Estrosi-Sassone et à la gauche plurielle (roses-verts) notamment, le patron du RN niçois annonce à Nice-Presse qu'il va mener la liste du parti lepéniste dans le 06. Avec pour message principal la lutte contre la "fracture territoriale".
NICE-PRESSE. Qui va mener la liste du Rassemblement national pour ces élections sénatoriales dans notre département ?
Philippe Vardon : Marine Le Pen et notre direction départementale m'ont fait l'honneur de me demander de mener notre liste. Elle sera localiste, combative, déterminée à rétablir un équilibre territorial dont nous manquons cruellement dans les Alpes-Maritimes.
"Nous allons mener une révolution de la proximité"
Une grande partie des subventions sont englouties par la métropole Nice Côte d'Azur, au détriment de toutes les autres communes. Et encore, c'est la ville de Nice elle-même qui récupère quasiment tout. Cette captation constante des moyens financiers ne peut plus durer.
N-P. Quels sont les enjeux de cette élection ?
P.V. : Nous voulons mener une révolution de la proximité. L'actualité récente nous donne raison, les Français sont de plus en plus demandeurs de localisme, des circuits courts, de pouvoirs décisionnels étendus pour les élus locaux.
Nous allons défendre la diversité de nos territoires et lutter contre la fracture qui se creuse entre les grandes métropoles et les villages plus fragiles.
"La droite est d'une faiblesse absolue"
Pour se faire, nous présenterons mardi une liste de rassemblement, avec des personnalités du Rassemblement national, de la Droite populaire (l'association politique de Thierry Mariani, NDLR) mais aussi d'anciens élus Les Républicains, lassés des compromissions de leur parti avec Emmanuel Macron.
Localement, nous sommes la seule alternative à ce système. La droite est d'une faiblesse absolue, les appels du pied d'Estrosi et Muselier au président de la République n'arrangent rien.
N-P. : Comment peser sur les décisions locales en tant que sénateur alors qu'une grande partie des décisions auxquelles vous vous opposez dépendent des métropoles, des communes ou de la région ?
P.V. : Le sénateur est un "élu fort", dont la voix porte, au niveau local comme national. C'est une formidable fonction pour se faire les porte-voix de notre territoire. Avec nous au Sénat, les Français pourront compter sur une voix plus libre pour les défendre. C'est aussi une occasion de ne pas encore une fois laisser tous les pouvoirs entre les mains de Christian Estrosi.
N-P. : Vous lancez votre campagne très tardivement, timidement, avec très peu de chances d'emporter plusieurs sièges. Comment comptez-vous dépasser la simple candidature de témoignage ?
P.V. : Je m'adresse à de grands électeurs lucides et éclairés. Ce ne sont pas des vassaux, ils sont absolument libres de leurs choix.
Je n'ai pas l'habitude de me lancer dans un combat avec une mentalité de perdant : je suis pleinement déterminé. Nous allons défendre et représenter nos territoires. La liste de droite (menée par Dominique Estrosi-Sassone), bien que favorite, n'est issue que des petits arrangements entre barons locaux.
Nous avons en face de nous les représentants de Leonetti (le maire d'Antibes), d'Estrosi… Notre liste, elle, représentera les électeurs azuréens.
Après, évidemment, ces élections sénatoriales illustrent le déséquilibre majeur de nos modes de scrutin.
N-P. : Le fait que vous meniez la liste du Rassemblement national doit-il être interprété comme une marque de confiance de Marine Le Pen, alors que certains cadres du partis plutôt proches de vous ont été limogés cet été ?
P.V. : C'est évidemment une marque de confiance, mais également un grand honneur qui renforce encore ma combativité.
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"Christian Estrosi est soit passif soit incompétent"
N-P. : Vous avez lancé une opération de communication cette semaine sur le thème de l'insécurité. Il s'agit du sujet majeur de cette rentrée selon vous ?
P.V. : C'est un sujet local comme national. Les études d'opinions le montrent d'ailleurs, avec la santé, "l'ensauvagement" de notre pays est la préoccupation majeure des Français.
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À Nice, on a observé tout cet été un climat fortement dégradé, avec des attaques au couteau à répétition et des fusillades. C'est un échec total de Christian Estrosi, qui est soit passif soit incompétent. Il y a eu des coups de feu aux Moulins, il y a maintenant des bagarres sanglantes jusque sur notre place Garibaldi, en pleine zone touristique !
Le sentiment d'insécurité s'est ainsi creusé, et, malheureusement, il est parfaitement fondé.
N-P. : Vous venez de passer vos deux premiers mois dans l'opposition municipale à Nice. Quel premier bilan en tirez-vous ?
P.V. : Nous avons accès a davantage d'informations, nous avons plus de poids et de moyens pour nous exprimer et faire remonter les attentes des Niçois.
J'ai le sentiment que nous avons fourni un travail d'alerte plutôt intéressant concernant l'insécurité, le projet de destruction du palais Acropolis ou sur la bétonisation de la Plaine du Var. Nous apportons une voix singulière dans ce conseil municipal.
Parallèlement à cela, la bataille a commencé avec les méthodes que l'on connaît. La majorité de Christian Estrosi s'exprime à tort à travers en évitant toute contradiction, sans l'écoute, pourtant légitime, de l'opposition.
Le dialogue est déjà rude, mais je ne me fais aucun souci : le groupe RN est solide !
— Propos recueillis par Clément Avarguès le 04/09/2020