POLICE/JUSTICE — Où en est-on de la lutte contre le terrorisme, cinq ans exactement après l’attaque du 13 novembre 2015 ? 260 personnes sont mortes au cours d’attentats sur notre territoire ces dernières années. Rien que depuis la rentrée 2020, notre pays en a subi trois nouveaux (à Paris, Conflans et Nice), qui ont emporté quatre personnes.
Aujourd’hui, “la menace est à un niveau extrême, écarlate, jamais connu depuis 2015” affirme un responsable de la lutte antiterroriste sur RTL ce matin.
Difficile d’en expliquer le contexte. Le procès des attentats de janvier 2015 et la republication des caricatures de Charlie Hebdo auraient ouvert “un nouveau cycle d’appels à la violence”. Pourtant, Vienne (Autriche), pas concernée, a été touchée par des attaques islamistes le 2 novembre dernier. Certains experts affirment que des liens existent entre les situations de nos deux pays.
La menace reste très difficile à anticiper. Une bonne partie des groupes affiliés à l’ ”État islamique” ou aux jihadistes de la nébuleuse Al Qaïda semblent s’être mis en retrait ces derniers mois. Le service des opérations extérieures de Daesh, responsable des attentats de Paris et de Bruxelles notamment, a été détruit lors de la défaite du prétendu “Etat islamique” en Syrie, rappelle RTL.
Le dernier projet directement piloté et organisé par Daesh remonte à il y a quatre ans, en décembre 2016. Il s’agissait alors d’un plan d’attaque de Strasbourg, qui a été déjoué. Mais la France reste menacée par les “loups solitaires”, ces individus qui se radicalisent vite et passent à l’acte avec des moyens rudimentaires sans avertir personne — ce qui est parfois revendiqué par l’EI sans même que l’organisation terroriste ait eu connaissance du projet.
“Il reste difficile d’identifier les porteurs de menace et de les détecter à temps” s’inquiètent ainsi les services antiterroristes français : pour rappel, seuls 2 assaillants étaient “fichés S” sur les dix dernières attaques commises sur notre sol.
Malgré le niveau élevé de menace, la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) estime “qu’une attaque de grande ampleur (similaire au 13-novembre, NDLR) est peu probable à court terme”.
Un pays (très) divisé
C’est la France qui détient, en Europe, le record du nombre de ressortissants partis rejoindre l’“État islamique” – près de 2 000 Français ont ainsi rejoint le “califat”. “Beaucoup (mais pas tous, loin de là) étaient issus de l’immigration. Depuis des années, la radicalisation de jeunes musulmans français dans les banlieues des grandes villes pose un problème urgent qu’aucun gouvernement ne parvient à résoudre” souligne le Spiegel.
“Chaque nouvel attentat provoque sidération et colère chez les Français, qui y voient une atteinte totalitaire à la liberté dans une société occidentale libérale. Des terroristes radicalisés (…) poursuivent généralement un même but : se hisser au-dessus des autres, se sentir puissants. En perpétrant un assassinat barbare, un jeune chômeur peut devenir une star dans l’univers des djihadistes. Et ébranler toute une société.”