Joseph Micheli, ancien maire de Centuri, un village du Cap Corse, a été reconnu coupable mercredi à Bastia de "faux et usage de faux" en lien avec de fausses délibérations du conseil municipal entre 2011 et 2014. Il a été condamné à cinq ans d’inéligibilité.
Le tribunal judiciaire de Bastia n’a suivi que partiellement les réquisitions du procureur, qui avait requis en janvier une peine de 18 mois de prison avec sursis et une amende de 20.000 euros à l’encontre de M. Micheli, âgé de 78 ans.
Centuri, commune de 220 habitants, est depuis plus de dix ans le théâtre d’un bras de fer judiciaire entre deux maires : David Brugioni, en poste de 2014 à 2020, et Joseph Micheli, qui a dirigé la commune de 2001 à 2014. Depuis 2014, une série de plaintes croisées a été déposée, donnant lieu à plusieurs non-lieux.
Dans un climat particulièrement tendu, M. Brugioni avait été la cible de tirs sur son domicile puis sur la mairie en septembre 2017 et août 2018. Ces faits restent à ce jour non élucidés.
À la suite d’une de ces plaintes, M. Micheli avait déjà été condamné en avril 2017 à deux ans de prison avec sursis, deux ans d’inéligibilité et une amende de 12.000 euros pour détournement de fonds publics, favoritisme et prise illégale d’intérêt dans des marchés publics de la commune entre 2010 et 2013, pour un montant avoisinant les 300.000 euros.
Lors de l’audience de janvier, le procureur avait égrené les témoignages de conseillers municipaux et de secrétaires affirmant ne pas avoir assisté à de nombreux conseils municipaux, alors même que leur présence était attestée. Autant "d’irrégularités" mises en lumière par l’enquête.
"Je n’ai jamais fait de fausses délibérations" ni "de faux conseils municipaux, tout cela est une pure invention", avait déclaré M. Micheli à la barre.
Ses avocats avaient plaidé la relaxe, avançant qu’aucune délibération complète des conseils municipaux n’avait été retrouvée, rendant ainsi impossible toute preuve formelle de fausses délibérations.
(Avec AFP)