Écrivain, journaliste, militant de la cause animale, amoureux du cinéma français… avec plus d'une corde à son arc, Henry-Jean Servat a rejoint en 2020 le conseil municipal de Nice. Avec des projets plein la tête.
"J'ai toujours adoré Nice, j'y faisais des articles il y a quinze ans pour Libé. Vous ouvriez une porte du Negresco, vous aviez Claudia Cardinale, Lollobrigida… C'est une ville extraordinaire". Henry-Jean Servat est d'un enthousiasme à toute épreuve lorsqu'il s'agit de la cité des anges. Ce n'est pas, pourtant, cet attachement indéfectible qui l'a emmené dans notre ville.
Depuis les dernières municipales (voir encadré), l'écrivain est devenu conseiller municipal de Nice. "On dit que j'aime les Rolls-Royce, les stars de cinéma… C'est vrai, mais j'ai surtout un amour profond, plus que tout, pour les animaux". C'est du bien-être de ces derniers qu'il est chargé dans le nouveau gouvernement municipal de Christian Estrosi.
Mais Henry-Jean Servat pose d'entrée de jeu deux points d'importance : "je ne suis pas venu à Nice chercher de la gloire ou faire de la politique. Je ne cherche pas non plus à convaincre tout le monde, à faire de l'animalisme à tout crin. Je suis là pour encourager, pas pour imposer. Je n'ai pas vraiment l'âme d'un tyran."
Alors quel est le projet ? "Faire de Nice la capitale européenne du bien-être animal".
Déjà plusieurs actions, malgré la crise
"Quand je suis arrivé, j'ai dit au maire qu'il y avait des domaines où la Ville n'était pas au top vis-à-vis des animaux. Estrosi m'a répondu qu'il était perfectible et qu'il ne demande qu'à apprendre. C'est un homme intelligent, ouvert à tout" rembobine Servat. "Il se projette dans l'avenir : il a bien compris que notre rapport aux animaux change, que certaines choses qui ont été tolérées dans notre comportement avec eux ne doivent plus l'être aujourd'hui."
"On n'a pas le droit de laisser mourir des animaux de compagnie dans la rue" Henry-Jean Servat à Nice-Presse
Le nouvel élu s'est donc tout de suite retroussé les manches. "On me laisse travailler, on m'écoute, je n'ai essuyé aucun refus" assure-t-il. Même si la crise sanitaire a retardé pas mal d'initiatives. "On voulait que les gens puissent emmener avec eux leurs animaux dans le tramway et dans les bus avec des précautions. Un essai était prévu, sauf qu'avec les mesures barrières dans les transports ce n'est plus le moment. C'est pareil pour les laisser venir sur les plages et dans les espaces verts. Mais je suis un homme de parole, tout ce que j'ai dit nous le ferons."
Avec ce badge remis par la mairie, les personnes qui nourrissent les chats, dans les rues de #Nice06, ont une forme de légitimité auprès des voisins et des riverains parfois hostiles à leur démarche https://t.co/l2UXuDlMoQ
— Matthias Galante (@Matthiasgalante) February 15, 2021
Plusieurs chantiers ont déjà été lancés. Au niveau de la solidarité, une carte municipale a été donnée aux "nourrisseuses de chats errants" pour qu'elles ne soient plus inquiétées par les syndics. "L'idée est aussi de montrer à ces personnes humbles, discrètes, que la Ville leur porte une grande considération, qu'elles sont soutenues. On n'a pas le droit de laisser mourir des animaux de compagnie dans la rue".
Le nouvel élu a également agi avec les associations pour que les sans-abri reçoivent des maraudes de quoi nourrir leurs compagnons à quatre pattes. "J'ai vu que des SDF, des précaires, dans la gamelle qui leur était donnée, faisaient un petit tas à part réservé à leurs animaux, nous raconte Henry-Jean Servat avec émotion. Ça m'a frappé, ces gens qui manquent de tout mais qui réservent un peu de leur nourriture à leur compagnon. Je me suis dit que ce n'était pas possible".

La grande "marche des animaux"
"On va faire une gigantesque Animal Pride, poursuit le conseiller, plein d'enthousiasme. Pendant longtemps, les gens qui ont un animal de compagnie ont été stigmatisés. Moi je veux qu'ils en soient fiers".
"Nice est une ville solaire. On partira depuis le Negresco, avec un défilé chaleureux, on bloquera les rues un dimanche matin" imagine-t-il déjà. "On arrivera ensuite à la mairie où Christian Estrosi organisera un cocktail avec un 'Toutou's bar', des croquettes et cætera".
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Qui pourra y participer ? Tous les Niçois bien sûr, l'idée étant que les "gens puissent s'afficher avec leur chien, leur chat, leur lapin, leur mouton, tout ce qu'ils veulent. Nous allons montrer le bonheur que c'est d'avoir des animaux."
"Nous y travaillons mais nous n'avons pas encore de date", crise du Covid oblige.
Proximité
D'autres dossiers, en matière de lutte contre la solitude des personnes âgées, sont également sur la table : "nous allons voir comment leur permettre d'avoir leur chat avec elles dans les EHPAD. Je veux apporter quelque chose d'extrêmement pratique aux gens".
"On va aussi prêter des animaux d'associations aux personnes abîmées par la vie" complète-t-il.
Enfin, "le maire a eu une très bonne idée : nous installons des ruches à abeilles sur le toit de l'Opéra, à un endroit où elles pourront entendre les mélodies. Avec ça, on fera du 'miel de l'Opéra de Nice' qui sera distribué dans les écoles pour les goûters des gosses, pour les maisons de retraites, pour les mariages."