Sans soutien spécifique au secteur immobilier, l’activité des entreprises du bâtiment a déjà chuté de 6,6 % en 2024 et ne montre aucun signe de reprise pour 2025, alerte la Fédération française du bâtiment (FFB) dans un communiqué publié mardi.
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En l’absence d’un projet de loi de finances (PLF) pour 2025, actuellement bloqué, la FFB estime que 100 000 emplois pourraient disparaître dans le secteur l’an prochain, après une première vague de 30 000 suppressions d’emplois en 2024 selon ses premières estimations.
La principale cause de ces difficultés reste le coup d’arrêt brutal des constructions neuves, en particulier dans le logement, secteur affecté depuis deux ans par la hausse des coûts de construction et le niveau élevé des taux d’intérêt, réduisant drastiquement le pouvoir d’achat immobilier des ménages.
"On aurait pu appeler cette présentation +PLF pour le logement : encore raté+", a déploré Olivier Salleron, président de la FFB, lors d’une conférence de presse. Il a également critiqué l’absence de mesures concrètes pour relancer l’investissement, affirmant qu’il est "inconcevable" de laisser les entreprises du bâtiment dans l’incertitude.
Recul de 5,6 % attendu en 2025
"Si l’emploi s’est maintenu à des niveaux élevés cette année, c’est au détriment de la productivité", a prévenu Olivier Salleron, ajoutant qu’en l’absence de mesures de soutien, "2025 marquera une véritable dégringolade de l’emploi".
En début d’année, la FFB prévoyait déjà 150 000 suppressions d’emplois dans le secteur d’ici 2025, un seuil qui pourrait être dépassé en 2026.
Sur le plan sectoriel, la construction neuve a reculé de 15,6 % en 2024, avec une chute encore plus marquée dans le logement (-21,9 %). Ce déclin n’est que partiellement compensé par une légère augmentation de 1,2 % des travaux d’amélioration et d’entretien.
Les ventes de maisons individuelles, en particulier, se sont effondrées de "60 à 70 %", avec environ 50 000 maisons vendues en 2024, a précisé Olivier Salleron.
Le projet de budget 2025, gelé depuis la censure du gouvernement Barnier, proposait pourtant plusieurs mesures favorables au secteur : élargissement du prêt à taux zéro, plafonnement d’un prélèvement sur les bailleurs sociaux, crédits pour la rénovation énergétique, et exonération de droits de succession pour les dons destinés à l’achat d’un logement. Ces dispositifs auraient pu, selon la FFB, "déclencher rapidement de nouvelles mises en chantier".
Pour 2025, la fédération anticipe une baisse supplémentaire de 14,6 % dans la construction neuve, incluant -14,2 % dans le logement et -15 % dans le non-résidentiel. Les travaux d’amélioration et d’entretien ne progresseraient que de 0,9 %, bien en deçà des attentes malgré les aides dédiées à la rénovation énergétique.
Au total, la FFB prévoit une nouvelle contraction de l’activité globale du bâtiment, estimée à -5,6 % pour 2025.
Un besoin urgent de mesures fiscales
Cette chute d’activité se traduit par une augmentation des défaillances d’entreprises : entre septembre 2023 et octobre 2024, 14 214 entreprises du secteur de la construction ont cessé leurs activités, soit une hausse de 28,4 % par rapport à la même période un an plus tôt.
Face à cette situation critique, le secteur mise désormais sur une initiative du rapporteur général du budget Charles de Courson (centriste) et du président de la commission des Finances Éric Coquerel (LFI).
Conscients que le budget 2025 ne sera pas adopté avant plusieurs mois, les deux responsables ont demandé au nouveau Premier ministre de faire adopter rapidement des mesures fiscales consensuelles et jugées "urgentes".
Parmi ces propositions figurent la prorogation d’impôts et crédits d’impôts arrivant à échéance le 31 décembre, l’exonération fiscale et sociale des pourboires, l’indexation du barème de l’impôt sur le revenu sur l’inflation, l’extension du prêt à taux zéro, ainsi que des dispositions spécifiques pour soutenir les agriculteurs.
Ils appellent à un débat sur ces mesures dès la reprise des travaux parlementaires prévue le 13 janvier.