C'est le retour de l'éternel débat : faut-il interdire la corrida une bonne fois pour toutes en France ? C'est en tout cas l'opinion de l'élu azuréen Eric Pauget (LR) qui a déposé une proposition de loi en ce sens.
75% seraient favorables à l’interdiction de la corrida, d'après un sondage de l'Ifop publié en 2015. Un chiffre en forte hausse sur plusieurs années : ils étaient 48% en 2007, puis 66% en 2010.
"Un texte traitant de la maltraitance animale arrive à l'Assemblée nationale. Quand j'ai vu que la majorité n'y abordait pas du tout le sujet de la corrida cela m'a fortement interpellé" a-t-il expliqué dans la presse ce week-end. "Traiter de ça et vouloir faire évoluer le sujet est une bonne chose mais ne pas aborder (cette pratique) je ne le comprends pas".
Avant de souligner : "je sais qu'elle renvoie à des questions historiques et des traditions, mais ne pas en parler du tout me fait réagir, d'où le dépôt de cette proposition de loi pour interpeller le gouvernement et la majorité".
L'élu antibois veut ainsi faire sauter un alinéa du Code pénal qui crée une exception pour les courses de taureaux.
"Chez moi, on interdirait le dauphin qui joue avec un ballon - cela peut se concevoir -, mais à côté de ça, on laisserait perdurer le spectacle (de l'animal) qui se faire torturer dans des conditions de barbarie totale et qui se fait tuer à la fin?" Eric Pauget dans le "JDD"
"En tant que citoyen et en tant que député, ça me choque. Il y a un gouffre dont j'ai beaucoup de mal à cerner le raisonnement", plaide-t-il encore.
Une locomotive pour l'économie du Sud
Quarante millions d’euros, c'est le chiffre d’affaire estimé de cette pratique en France, sans compter les "recettes environnées". On comptait, avant la crise sanitaire, entre 1 million et un 1,5 million de visiteurs à Bayonne, 1 million à Nîmes, 400.000 à Arles, 900.000 à Dax, etc.
Un réel moteur pour le commerce local… mais aussi beaucoup de morts. Chaque année, la tauromachie c’est aussi environ 40.000 bêtes qui sont tuées en Europe, d'après l’association Animal Cross.
En France, comme en Espagne, cette course revêt un aspect politique, culturel et patrimonial. Dans notre pays, la corrida est légale grâce à un alinéa de 1959 qui annule une autre loi contre les comportements portant préjudice aux animaux, en cas de tradition "locale et ininterrompue". Du coup, elle est autorisée dans le Sud : en Occitanie, en Nouvelle-Aquitaine et chez nous, en Provence-Alpes-Côte d’Azur.