NICE VOTE 2020 — Après le premier tour des élections municipales le 15 mars dernier, il reste trois candidats à la mairie de Nice : le sortant Christian Estrosi (LR), Philippe Vardon (RN-Droite Pop) et Jean-Marc Governatori (AEI-EELV). Arrivé deuxième du scrutin avec 16,69% des voix, Philippe Vardon (toute son actualité) espère mobiliser davantage son électorat dimanche pour peser dans les rangs de la future opposition. Sécurité, environnement, social… dernière interview avec le candidat du Rassemblement national avant l'échéance de ce week-end.
NICE-PRESSE. Il ressort de cette campagne que la question environnementale, "comment faire respirer Nice ?", a été l'enjeu majeur du débat. Vous partagez ce sentiment ?
Philippe Vardon : Il faut déjà faire la part des choses entre l'agenda médiatique et les vraies préoccupations des Niçois. On a beaucoup parlé des pistes cyclables dans le centre, mais pas des transports et de la situation dans nos collines, par exemple. La "bétonnisation" irresponsable de la Plaine du Var, la "Coulée grise", n'a pas non plus été abordée par les autres candidats. Le maire nous a posé deux pots de fleurs sur les trottoirs mais il nous a surtout fait pousser des tours là-bas.
"La question n'est pas abordée correctement. Avec "Estrosidalgo", on culpabilise l'automobiliste Niçois, qui va au travail avec sa Kangoo"
C'est au paquebot de marchandises de l'économie mondialisée qu'il faut s'en prendre, c'est lui qui pollue énormément.
On a trop, et mal, parlé d'écologie. Et à côté de ça, le débat ne s'est pas porté sur des points majeurs : la fiscalité, le logement et l'endettement de la Ville, par exemple.

N-P. Vous avez fait de la sécurité l'axe majeur de votre campagne. Hier, vous étiez aux Moulins, le quartier de votre enfance. Christian Estrosi affirme qu'il n'y a "pas de problème", en dehors d'une poche persistante de délinquance. Vous partagez ce constat ?
P. V. : Il nous avait promis en 2008 de "terroriser les voyous", ce sont les habitants des quartiers difficiles qui ont peur aujourd'hui. On a mis énormément d'argent pour la rénovation urbaine dans ces quartiers : en réalité, là-bas, c'est encore pire qu'avant. Si le maire pense vraiment que c'est un quartier superbe, qu'il aille s'y installer ! On a tout refait, on a emmené de l'activité, et au final, ce sont les narcotrafiquants qui ont pris le pouvoir.
"La 'génération Estrosi', comme il l'appelait chez vous, c'est aussi des trafiquants de drogue et des imams islamistes."
Je juge l'arbre à ses fruits : celui de Christian Estrosi a fait fleurir des balles de kalachnikovs.
N-P. Le maire ne peut pas tout faire. En matière de sécurité, il ne va pas envoyer ses policiers municipaux face à des gens équipés d'armes de guerre… C'est une compétence de l'État, qui a tardé à réagir, non ?
P. V. : C'est lui qui proposait de sanctionner financièrement les maires laxistes, lui encore qui se présente sur tous les plateaux télé comme un expert en sécurité. Il a des contacts avec le gouvernement, qu'il les utilise. Le maire de Nice doit pouvoir taper du poing sur la table. Je ne dis pas qu'on peut tout faire, mais on doit faire tout ce que l'on peut. Le boulot n'est pas fait.
N-P. Le vrai enjeu de dimanche, c'est quoi ? Faire le plus gros score possible et avoir le maximum de conseillers municipaux ?
P. V. : Que l'on gagne la mairie ou que l'on soit dans les rangs de l'opposition à partir de dimanche, nous nous mettrons au service des Niçois.
Toutes les voix sont importantes : on dit aux Niçois que leur vote de dimanche va compter pour les six ans à venir. Lundi, il sera trop tard pour se plaindre de la fiscalité ou de la délinquance. Voter massivement nous permettra de dire ses quatre vérités à Christian Estrosi.
N-P. Vous attaquez très vivement le maire, vous avez fait une campagne électorale très "anti-Estrosi"… au détriment d'un vrai programme à proposer aux électeurs ?
P.V. : J'ai fait une campagne anti-Estrosi parce que je suis à 100% opposé à lui politiquement. Il s'est lourdement compromis avec les islamistes. Il fait du mal à cette ville et je prends comme un malheur personnel la situation dans laquelle Nice a été laissée. Mais je n'ai pas de problème personnel avec Christian Estrosi : je ne le connais pas, il ne m'a pas volé mes jouets.
Et pour ce qui est des programmes, j'ai fait cinq conventions politiques où j'ai eu le temps d'avancer une multitude de propositions sur les sujets qui concernent tous les Niçois. Mais la campagne a été très pauvre en débats. Le maire a refusé le dialogue et les médias ont fait le strict minimum.
"Et puis, soyons honnêtes, qu'est-ce que le maire a proposé ? A-t-il un programme mis à part de détruire Acropolis et le TNN pour encore mettre Nice en chantier?"
Qu'on me réponde sur mon programme. Qui est contre réouvrir des commissariats de quartier et mettre plus de policiers dans les rues et moins derrière des caméras, par exemple ? J'ai lancé des choses, personne ne m'a répondu. Et après on dit que je ne propose rien !

N-P. Des sujets ont été négligés selon vous ?
P. V. : Oui, ceux dont je parlais à l'instant, mais bien d'autres encore. On ne parle jamais de Saint Roch, de Riquier. On dirait que la ville s'arrête à la rue Barla ! Ces quartiers de classes moyennes ont été abandonnés, on ne fait rien pour la classe laborieuse qui y vit. On ne nettoie plus là-bas, ces zones de la ville sont négligées. Mais le maire est prisonnier d'une petite cour qui ne le laisse pas entrevoir ces problématiques en lui disant que tout est formidable.
J'aurais aimé que l'on parle davantage d'éthique. Christian Estrosi a mis au point un très vaste clientélisme municipal, que ce soit avec le tissu religieux, commercial ou associatif.
Il faut y mettre fin. Je propose de donner la présidence de la commission qui décide de l'attribution des subventions associatives à l'opposition, à Jean-Marc Governatori.
N-P. Vous comptez proposer aux écolos de travailler ensemble dans ce futur conseil municipal ?
P. V. : Nous voterons ce qui est dans l'intérêt des Niçois. L'opposition, c'est aussi de dépasser les clivages quand il en va de l'intérêt général. Au conseil régional, on a pu voter des propositions de la droite ! La réciproque est moins vraie…
N-P. On se rappelle de la campagne des régionales 2015 où le maire et le Rassemblement national avaient eu des désaccords très violents, cette élection niçoise a connu aussi des accrochages entre vous et lui. Doit-on craindre une ambiance d'affrontement dans le prochain conseil municipal ?
P.V. : Au conseil régional, je suis dans l'opposition de Renaud Muselier et Christian Estrosi depuis cinq ans. On a été constructifs, force de propositions. Le sectarisme est du côté du maire.
Nous sommes là pour défendre les Niçois et sur tous les sujets où il le faudra, nous allons le montrer.