Emmanuel Macron annonce un encadrement renforcé du chalutage de fond dans certaines aires marines protégées, pour mieux préserver la biodiversité des océans.
À deux jours de l’ouverture du sommet des Nations unies sur l’océan à Nice, le président français Emmanuel Macron a annoncé vouloir restreindre l’usage des chaluts de fond dans certaines aires marines protégées (AMP) françaises. Une décision qui marque un virage prudent vers une protection accrue des fonds marins, tout en ménageant les professionnels de la pêche.
Une technique de pêche décriée
Le chalutage de fond, qui consiste à racler les fonds marins à l’aide de lourds filets, est une méthode jugée peu sélective et énergivore. Son impact écologique est dénoncé depuis des années par les ONG environnementales qui réclament son interdiction dans toutes les AMP.
« Il y a des endroits où il faut limiter leur activité, qui en raclant le fond, vient perturber la biodiversité et des écosystèmes qu’il faut apprendre à protéger », a déclaré le chef de l’État dans un entretien à Ouest-France.
Face à cette pression, le président préfère une approche ciblée. Un travail de cartographie a été mené avec des scientifiques et des représentants du secteur de la pêche pour identifier des zones à restreindre. Ces propositions seront prochainement détaillées par la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher.
Pas d’interdiction générale, mais des zones sous consensus
Emmanuel Macron refuse de stigmatiser les pêcheurs, qu’il décrit comme « des hommes et des femmes qui travaillent dur ». Il opte pour une régulation par consensus, en tenant compte des équilibres sociaux, économiques et écologiques.
Des zones précises ont été retenues : l’archipel de Port-Cros (Var), les Calanques près de Marseille, la Corse, ou encore la façade Atlantique. Ce ciblage permettrait à la France d’atteindre l’un de ses engagements européens : placer 10 % du domaine maritime sous protection forte dès le 1er janvier 2026, soit avec quatre ans d’avance sur l’échéance fixée par l’Union européenne.
Protection encore très partielle ?
Actuellement, 33 % des eaux françaises sont classées en AMP. Toutefois, ces zones restent largement ouvertes à toutes les pratiques de pêche, y compris les plus intrusives. Les ONG dénoncent cette incohérence et demandent un alignement avec les standards internationaux.
La France a défini son propre cadre de « protection forte », mais celui-ci est jugé insuffisant par les défenseurs de l’environnement, car il n’est pas pleinement conforme aux critères de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) ni à ceux de l’Union européenne.
Selon les chiffres officiels, les zones bénéficiant d’une protection intégrale ou haute représentent seulement 2,6 % du domaine maritime français. En métropole, ce taux chute à moins de 0,1 %.
Avec cette nouvelle initiative, Emmanuel Macron entend amorcer une progression vers une meilleure gestion écologique des AMP, sans pour autant rompre brutalement avec les acteurs de la pêche artisanale.
Avec AFP