Le maire-président Christian Estrosi annonce dans Nice-Presse que les émissions de gaz à effet de serre sont en baisse de 14% chez nous. Que faut-il comprendre de ce chiffre ? Décryptage avec deux spécialistes.
De quoi parle-t-on en quelques mots ?
La Métropole a pris des engagements précis en matière de baisse des gaz à effet de serre (CO2, méthane…) qui participent au dérèglement climatique mais aussi au déclenchement de maladies chez les habitants.
L'un des objectifs de la collectivité est d'arriver à une baisse de 22% de ces gaz d'ici à 2026, par rapport à ce qui était mesuré en 2012.
Au cours d'une interview publiée dans nos colonnes le 28 septembre, Christian Estrosi a annoncé qu'entre cette date et l'an passé, la pollution de l'air aurait considérablement baissé, prenant comme appui un "Baromètre métropolitain de la transition écologique" qui propose relevés et estimations.
Observe-t-on vraiment une baisse des GES chez nous ?

Damien Piga, expert d'AtmoSud, l'institut de surveillance de la qualité de l'air en Région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur, peut répondre à cette question pour la période 2012-2019.
Entre ces deux dates, "nous avons effectué des relevés, qui ont été publiés. Nous dévoilerons sous peu ceux qui concernent 2020. Le traitement des données très précises prend un temps important — on s'intéresse à l'impact du trafic routier, de l'activité aérienne…— ce qui explique le délai".
"Sur ces sept ans, on observe une tendance à la baisse au niveau régional, expliquée notamment par une politique volontariste dans la Métropole niçoise" note le spécialiste.
"Il y a eu 8% de baisse des GES sur ce territoire entre 2012 et 2019".
Pour ce qui est du chiffre comprenant 2020 et 2021, "il s'agit d'une estimation réalisée par les services de la collectivité, pas par nous, mais qui est basée sur les données que nous avons transmises".
Un travail mené par NCA dont les conclusions sont jugées "crédibles" par Atmosud.
C'est quoi cette estimation ?

Pour savoir comment ce travail a été mené, Nice-Presse a échangé jeudi 6 octobre avec Pauline Herouan, directrice de la Mission Climat et de la Transition écologique auprès de la Métropole Nice Côte d'Azur.

"Pour suivre nos efforts en matière de transition écologique, nous avons un outil qui centralise les données de tous les services de la Métropole. Il nous indique où en est chaque projet, avec, en face, l'importance estimée des gaz à effet de serre évités".
Prenons l'exemple du passage de la flotte des bus à l'électrique, le plan de décarbonation, étalé sur plusieurs années d'investissement "jusqu'à 2025-26": NCA peut savoir en temps réel à quel point les nouveaux véhicules permettent de réduire la pollution de l'air.
Pauline Herouan poursuit : "on connaît la trajectoire en cours, c'est-à-dire la moyenne de baisse des GES sur 10 ans, et les émissions déjà évitées entre 2019 et 2022 avec les projets livrés. Ces ratios là nous permettent de publier cette estimation de -14%".
"Un chiffre qui devra être corroboré en 2023 avec le bilan à mi-parcours du Plan Climat, qui a déjà beaucoup évolué".