Le secteur aérien français a demandé lundi au gouvernement une "véritable concertation" sur le projet d'augmentation de la taxation de ses activités, jugée "totalement disproportionnée et contre-productive".
Bercy a confirmé jeudi la cible d'une taxation supplémentaire d'un milliard d'euros de l'aérien en France, lors de la présentation du projet de loi de finances (PLF) 2025.
"Ce que nous demandons, c'est d'abord une véritable concertation, parce que pour l'instant, il n'y en a pas eu", a déclaré le président de la Fédération nationale de l'aviation et de ses métiers (Fnam), Pascal de Izaguirre.
Le gouvernement a dit son intention d'introduire la mesure par amendement au PLF lors de son examen au Parlement, et indiqué mener actuellement "une étude d'impact" étant donné les "très nombreux paramètres à prendre en compte".
Lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue de l'Union des aéroports français (UAF) Thomas Juin, M. de Izaguirre a souhaité que l'étude d'impact soit consacrée au "bien-fondé et aux conséquences" de la taxation, et non à ses "modalités d'application" comme évoqué par le gouvernement.
"Cette taxe sur le seul secteur aérien nous paraît totalement disproportionnée et contre-productive", a-t-il ajouté, réclamant que l'activité - qui représente 100.000 emplois directs et 400.000 indirects en France selon lui - soit moins mise à contribution.
Selon la Fnam, les compagnies aériennes vont contribuer à 55% de l'effort de "verdissement" dans le PLF 2025 alors que le secteur est responsable de 6% des émissions de CO2 en France.
L'aérien s'est engagé à la neutralité carbone à l'horizon 2050 et alourdir sa fiscalité va amputer ses capacités d'investissement dans des avions plus sobres et des carburants d'origine non fossile, a argumenté la Fnam, qui a à nouveau réclamé lundi un "fléchage de la taxation du secteur en faveur de la transition écologique".
"Nous avons affaire à un Etat qui manque cruellement de vision sur les enjeux du secteur aérien français", a déploré pour sa part M. Juin, estimant que ce projet ferait à terme "perdre des recettes fiscales à l'Etat". Ce dernier, actionnaire d'Air France-KLM (28%) et du gestionnaire d'aéroports Groupe ADP (50,6%) "se tire une balle dans le pied", a jugé M. de Izaguirre.
Dans une Assemblée nationale sans majorité absolue, "on va jouer tout le jeu, évidemment, de la discussion parlementaire pour essayer d'infléchir ce projet de taxation", a-t-il promis, soulignant l'unanimité du secteur aérien, y compris les syndicats de salariés, sur ce sujet.
Le Syndicat des compagnies aériennes autonomes (Scara) a lui aussi dénoncé une "mesure fiscale discriminatoire qui affecte uniquement les passagers aériens" et demandé dans un communiqué que "les dessertes ultramarines et corses soient exonérées".
De son côté, le directeur général de la compagnie easyJet a prévenu lundi qu'une fiscalité alourdie n'aurait "pas seulement un impact sur la capacité des compagnies aériennes à investir en France, mais aussi sur le pouvoir d'achat des clients".
"Cela se traduira par des tarifs plus élevés pour tous, moins de connectivité dans les régions françaises, moins de touristes et un fort impact sur l'industrie touristique locale et l'économie", a assuré Johan Lundgren, dans une déclaration transmise à l'AFP.
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