L'image du papy qui prend sa pilule érectile est désormais un brin dépassée. Une clientèle plus jeune s'est formée au fil du temps. Focus sur un marché juteux qui n'est pas sans risque.
C'est une info qui peut faire sourire. Les Maralpins sont parmi les plus grands consommateurs… de Viagra !
C'est ce qu'indiquait une étude publiée en 2014 par la société Celtipharm. Une première en France grâce à des statistiques fournies anonymement par 4.600 pharmacies, qui dégagent une vraie tendance de fond. En 2013, 1.8 million de boîtes ont ainsi été vendues.
Les résultats révèlent qu'après 2008, chez nous, la consommation de ces pilules pour chaque habitants était supérieure à la moyenne nationale de 70 à 196%.
Comme le relevaient nos confrères de France Info en novembre 2015, c'est dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur qu'elles ont le plus de succès, avec plus de 36 boîtes vendues par an pour 1.000 habitants.
"Un peu dépassé"
Mais aujourd'hui, "le Viagra n'est plus le seul produit disponible" rappelle ce mardi 25 janvier Raphaël Gigliotti, membre du syndicat des pharmaciens des Alpes-Maritimes, à Nice-Presse.
"Le Viagra peut être un peu dépassé. C'est la marque la plus connue parce que c'était la première, mais il y a eu beaucoup de génériques"
Raphaël Gigliotti à Nice-Presse
En tête des dérivés les plus prisés, le Tadalafil. Une molécule qui a pris le pas grâce à des effets indésirables moins nombreux.
Rougeurs, éruptions cutanées, sensations de chaleur et problèmes cardiaques constituaient les principaux effets secondaires de la petite pilule bleue mise au point par le laboratoire Pfizer.
"Le prix a aussi évolué" précise le pharmacien.
"Il y a plusieurs années, il fallait compter plusieurs dizaines d'euros pour une boîte, aujourd'hui, avec les génériques, les premières vont être à moins de 10 euros".
Une demande jeune
Oubliez l'image d'une clientèle vieillissante. "De plus en plus de demandeurs sont jeunes, aux alentours de 25 ou 30 ans" a remarqué Raphaël Gigliotti.
"Certains avaient des troubles érectiles, mais n'osaient pas en parler. Ils ont franchi le pas. Le prix en baisse leur permet aussi d'accéder à ce traitement qu'ils ne pouvaient pas se payer avant".
Un rajeunissement également constaté hors du cadre médical pour augmenter les performances sexuelles, notamment dans un cadre festif.
Pour se procurer ces médicaments, pourtant prescrits sur ordonnance, Internet s'avère être une véritable mine d'or.
À ce sujet, le professionel met en garde : "La vente de ces traitements sur le web n'est pas autorisée en France. Donc le produit est acheté dans une pharmacie d'Europe, ou du monde."
"Ce sont des copies. Quand vous achetez ça en ligne, c'est impossible de connaître la composition de la boîte!"
Raphaël Gigliotti à Nice-Presse
Des pratiques qui favorisent le trafic de médicaments, "l'un des plus rentables au monde". D'après Europol, il serait dix fois plus rémunérateur que le trafic d'héroïne.
"Au mieux vous tombez sur un comprimé où il n'y a rien à l'intérieur (un placebo à base de sucre, par exemple, ndlr), au pire sur des produits dangereux, et ça va devenir très problématique."
La prise de ces pilules sans prescription médicale peut engendrer des problèmes cardiaques… et de nouveaux défauts érectiles.
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