Hélène Constanty, journaliste indépendante à lire notamment sur le site d'enquêtes Mediapart, se livrait à un réquisitoire contre la main-mise des pouvoirs sur les médias maralpins, en 2013. Dix ans plus tard, y a-t-il du mieux ? Elle est l'invitée des rédactions de Nice-Presse et RCF Radio ce dimanche 12 mars.
Nice, une "baronnie (…) où la liberté de la presse semble être un concept aussi étranger que les brumes du Nord" ? C'est ce que notait Hélène Constanty au printemps 2013, fraîchement débarquée pour L'Express sur la Côte d'Azur.
Relations conflictuelles avec les grands élus locaux - surtout, alors, avec Christian Estrosi - manque total de soutien d'une partie des confrères niçois, "liste noire"… Le portrait ainsi brossé de Nice est rude. Mais où en sommes-nous, une décennie plus tard ?
Invitée dans "Dites-le vous-même" ce 12 mars, l'émission hebdomadaire de Nice-Presse et RCF Radio, la reporter note que "depuis plusieurs années, il y a ici davantage de pluralité dans les médias. Cette impression de rédactions sous contrôle est moins vraie aujourd'hui" note-t-elle à notre micro.
"On lit une plus grande liberté de ton. Il n'y a plus que Nice-Matin" ajoute-t-elle à propos d'un quotidien dont elle avait, à l'époque, questionné les méthodes. Son directeur lui avait d'ailleurs répondu dans Paris-Match.
"Je m'étais sentie très seule en 2013. C'était un désert médiatique. Depuis, on voit qu'il y a davantage d'infos qui sortent".
"Les jeunes journalistes niçois sont moins dociles"
Hélène Constanty se dit alors "blacklistée" de certaines mairies, mais ce n'est pas bien mieux du côté des médias.
"Quand on sort un ouvrage collectif sur la liberté de la presse en 2015, 'Informer n'est pas un délit' (Calmann-Lévy) ou bien plus récemment, une BD d'enquête sur Monaco, en 2021, je suis très mal accueillie par mes consoeurs et confrères, en particulier de Nice-Matin". La journaliste avait tout de même été reçue par Nice-Presse à ce sujet.
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Hélène Constanty a également vu arriver "une nouvelle génération de journalistes, moins dociles, moins respectueux de l'autorité, qui osent. Puisqu'on a connu par le passé beaucoup d'auto-censure".
Attention, quelque chose qui n'a pas changé, et qui s'est même peut-être aggravé : "on se met à confondre information et propagande, journalisme et communication. La barrière étanche entre les deux semble moins évidente, notamment pour les jeunes".