Mahdi Z., figure présumée du narcotrafic à Marseille et proche de la DZ Mafia, encourt 28 ans de réclusion criminelle pour une tentative d’assassinat commise en 2021 dans la cité de La Paternelle.
Jeudi, à Aix-en-Provence, l’avocate générale a requis cette lourde peine contre l’accusé, assortie d’une période de sûreté des deux tiers. Elle a décrit des faits « froidement pensés, organisés et exécutés », sur fond de guerre entre clans dans les cités marseillaises.
Pour la première fois depuis le début de la procédure, Mahdi Z. a reconnu devant la cour d’assises être l’un des deux hommes entrés armés dans un appartement de la cité de La Paternelle, dans la nuit du 27 au 28 juillet 2021.
Il a admis avoir donné l’ordre à son complice d’ouvrir le feu sur un occupant des lieux, un homme sans papiers blessé par balles. « Quand on a trouvé les armes, je l’ai insulté. Il s’est levé dans une intention agressive », a déclaré Z. à la barre. À la question du président : « Et vous avez demandé de tirer ? », il a répondu : « Oui, j’ai dit : tire ! »
Une expédition sur fond de guerre de territoires à Marseille
Le quartier de La Paternelle était alors au cœur d’un violent conflit entre réseaux de stupéfiants. L’accusé aurait rejoint le clan de Mehdi L., leader supposé de la DZ Mafia, avec pour objectif de reprendre le contrôle de plusieurs points de deal à son ancien allié Karim H. « C’était une guerre fratricide », a confié Z. à la cour. « Il y avait un contrat sur ma tête », a-t-il ajouté.
La victime, entendue en visioconférence depuis un centre de rétention, a identifié Mahdi Z. comme l’un de ses anciens supérieurs lorsqu’il travaillait sur un point de vente dans la cité des Micocouliers.
Deux accusés, deux versions très divergentes devant la cour
Une peine équivalente de 28 ans a été demandée pour Fayçal D., suspecté d’être le tireur. Celui-ci nie avoir participé à l’attaque. D’après les deux accusés, il aurait quitté le véhicule avant l’arrivée à La Paternelle, remplacé ensuite par une autre personne.
Me Amar B. avocat de Mahdi Z., a plaidé pour une peine réduite, contestant la préméditation : « Si on vient avec l’intention de tuer, on ne reste pas trente minutes dans l’appartement », a-t-il défendu.
Incarcéré depuis quatre ans, dont deux à l’isolement, Z. est également visé par trois autres procédures, dont une tentative d’assassinats dans une cité d’Aix-en-Provence. « Il ne compte même plus les jours, il n’a pas de perspective », a indiqué son avocat.
Lui-même s’est exprimé : « Cela fait quatre ans que je suis en maison d’arrêt, dont deux en isolement. J’ai quatre mandats de dépôt. Que j’aie ma peine le plus vite possible, je veux passer à autre chose », a-t-il dit à la cour.
Pour Me Bruno Rebstock, avocat de Fayçal D., l’accusation manque de fondement : « L’absence de preuves ne peut pas se dissoudre dans une légitime préoccupation de la société », a-t-il plaidé en demandant l’acquittement. Le verdict est attendu dans la soirée…
Avec AFP



