- Vous lisez un épisode de “Saint-Roch, la reconquête de l'Est”, l’un des dossiers de Nos Quartiers, le magazine qui parle de vous.
Très rural, puis industriel avant d'être résidentiel avec une forte identité niçoise, le quartier Saint-Roch a connu bien étapes : découvrez cinq anecdotes qui participent à la légende de ce territoire.
Sommaire
1. Un quartier autrefois décimé par la peste
Autrefois connu sous le nom de Roquebillière, du Paillon jusqu'aux pentes du mont Gros, le quartier de Saint-Roch a été ravagé par une sévère épidémie de peste en 1631, comme l'ensemble de la ville, qui a été décimée de moitié.
Face à cette tragédie, des cimetières temporaires ont rapidement été établis dans les zones rurales autour de Nice. Après la fin de l'épidémie, pour honorer les pestiférés, les résidents ont construit la chapelle Saint-Roch, achevée en 1660.
Une réalisation qui a été financée par la contribution des habitants et des propriétaires du quartier. Comme beaucoup de quartiers ruraux niçois, Saint-Roch tire ainsi son nom d’une chapelle dédiée à son saint guérisseur, honoré le 16 août.
2. Usines et vergers
Avant la Première Guerre mondiale, Saint-Roch était une étendue fertile dédiée à l'agriculture, nourrie par des ruisseaux et des sources, dont le célèbre Sourgentin.
Des systèmes d'irrigation composés de canaux permettaient l'arrosage des vergers d'agrumes et des potagers. L'urbanisation était minime et concentrée autour de fermes, de laiteries, de moulins et de quelques résidences secondaires.
Mais le développement industriel et urbain impressionnant des quartiers de Riquier, Sainte-Agathe et Saint-Roch a progressivement repoussé l'agriculture vers le nord, année après année.
L'établissement de divers ateliers, fabriques et entrepôts a débuté suite à l'inauguration de l'usine à gaz en 1854 (fermée en 1975) et à la construction de la gare de Riquier en 1882. Des activités agricoles qui ont coexisté avec l'industrie manufacturière jusqu'aux années 1950.
3. Un passé militaire important
Avec le renforcement du système de défense de l'état-major français sur l'ensemble du territoire des Alpes-Maritimes à la fin du XIXe siècle, de nouveaux logements militaires ont été construits dans les campagnes niçoises.
Les casernes de Riquier (Saint-Jean d'Angély) et de Saint-Roch (Auvare) sont alors édifiées. Sur 124 hectares, près de 5000 hommes sont accueillis. Parmi eux, les troupes de la montagne.
Le 6e bataillon de chasseurs alpins s’y est d'ailleurs installé dès mai 1889, avant d'être remplacé en 1920 par le 22e, originaire d’Albertville, en Savoie. Particulièrement estimé des Niçois, il a inspiré le surnom des "Diables Bleus" pour la rue principale jouxtant la caserne.
La caserne a été finalement désaffectée en 1995. Depuis 2003, le site a été transformé en campus universitaire. L'ancienne caserne Auvare, elle, héberge aujourd'hui les bureaux de la police.
4. Parusso, Viterbo…
L'inauguration de la gare de fret de Saint-Roch en 1926 a accentué la dimension industrielle des quartiers Est, attirant ainsi fabriques et entrepôts.
La transformation du paysage a été radicale avec l'établissement des voies ferrées nécessitant de grands remblais de terre, divisant les zones rurales de Riquier-Sainte-Agathe et Saint-Roch.
De nombreuses entreprises en ont profité pour prendre racine comme les huileries Viterbo, les boissons gazeuses Parusso, la production de cartes postales Adia, les chaussures Repellin, la fumisterie Saramito, la serrurerie Masetti, la métallurgie Pettenaro, la menuiserie Massiotta, les transports Corniglion, ainsi que les dépôts des Galeries Lafayette, de Poclain, et des cars Rapides du Littoral.
Le secteur a également vu l'émergence de petits bâtiments et de maisons typiquement niçoises. De caractère ouvrier et populaire, le quartier Saint-Roch s'est imposé au fil du temps comme un centre de la culture et des traditions locales.
5. Abattoirs mythiques
Ils font partie des symboles de l'architecture industrielle niçoise. Les anciens abattoirs, situés route de Turin, dans le quartier de Bon Voyage tout près de Saint-Roch, sont l'oeuvre de l'architecte niçois Richard Laugier1, à l'origine également du palais des Expositions du parvis de l'Europe, dans les années 1950.
À l'époque de leur construction, ils étaient parmi les plus modernes d'Europe, avec une gigantesque salle d'abattage, un grenier de séchage des peaux, d'impressionnantes box de stockage de viandes ou encore de vastes bureaux destinés aux chevillards.
D'une superficie totale de 22.500 m², ils ont conservé leur aspect original et abritent aujourd'hui le 109, un pôle des cultures contemporaines.
Mais aussi
Le 26 mai 1944, pendant la Seconde Guerre mondiale, Nice a été témoin d'un événement tragique : le bombardement de Saint-Roch. Cette attaque aérienne, menée par l'armée américaine, visait à détruire les voies ferrées utilisées par les forces allemandes pour ravitailler le front de l'Italie occupée.
Densément peuplé, le quartier avait subi des dégâts considérables, les bombes ayant frappé des habitations et des commerces. 300 personnes y ont ainsi perdu la vie. Dans le quartier, des plaques commémoratives rendent aujourd'hui hommage aux victimes.
- Nice, secret et insolite, les trésors cachés de la Baie des Anges de Charles Bilas (Auteur), Thomas Bilanges (Photographies), 2009 ↩︎