- Vous lisez un épisode de “Saint-Roch, la reconquête de l’Est”, l’un des dossiers de Nos Quartiers, le magazine qui parle de vous
À la tête du comité de quartier Saint-Roch depuis 2002, Géraldine Colin met toute son énergie pour faire vivre son "chez elle". Avec, parfois, des contraintes qui bloquent ses nombreux projets.
C'était il y a vingt-deux ans. "Nous faisions entre mamans des fêtes de fin d'année à l'école de nos enfants, qui réunissaient jusqu'à 300 personnes, se remémore Géraldine Colin, psychologue de métier. Mais pour continuer d'occuper l'espace public, nous avons dû monter un comité de quartier. L'association des parents d'élèves ne suffisait plus. Ainsi est né le nôtre."
Depuis le 14 juillet 2016 et l'effroyable attentat qui a touché notre ville, auquel s'est ajouté celui commis à la basilique Notre-Dame le 29 octobre 2020, le comité de quartier Saint-Roch dit éprouver de nombreuses difficultés pour organiser ses évènements.
"Les normes sécuritaires ont beaucoup évolué, constate-t-elle. Chaque coin est barricadé, ce qui ne facilite pas la mise en place de rendez-vous. Avant, on pouvait circuler librement, maintenant, tout est fermé, contrôlé. La vie associative et culturelle a du mal à perdurer ici." Dans bien d'autres territoires, les choses semblent moins compliquées.
Il y a encore quelques années, de nombreuses fêtes étaient pourtant organisées, comme "celle de l'automne, du printemps ou Noël", réunissant tout le monde dans une ambiance chaleureuse.
"Les gens ne sont jamais contents"
"En juin dernier, le comité devait organiser une grande fête sur la place du Palio, avec la présence des commerçants et des écoles de danse, autour de tablées avec des spécialités culinaires et une estrade avec DJ, révèle-t-elle. J'ai passé deux mois à monter ce projet, avec une programmation claire. Nous avions des bénévoles, tout était en place. Mais à cause des normes sécuritaires, nous n'avons pas pu l'organiser. Je suis découragée. Cela me donne parfois envie de tout abandonner."
Des difficultés à mener des projets pour maintenir une vie culturelle dynamique à Saint-Roch, qui s'ajoutent aux querelles persistantes entre habitants, qui ont parfois du mal à s'entendre et à s'accorder quand une initiative est proposée.
"Les gens ne sont jamais contents, regrette-t-elle. Ils réclament des parkings entretenus, où personne ne traîne le soir, mais quand il est nettoyé, plus personne ne veut payer ! C'est pareil pour les soirées. Les résidents veulent qu'elles se terminent à 22 heures et qu'elles ne fassent aucun bruit. Comment voulez-vous avancer et proposer des solutions dans ces conditions ?"
Sans pour autant baisser les bras. Avec l'Église Saint-Roch, le comité oeuvre pour les plus démunis, notamment avec l'association Entraide et Partage, tout en réalisant des distributions alimentaires et des vide-greniers. Le prochain se tiendra d'ailleurs sur la place, lundi 20 mai.
LE C.R.A. INQUIÈTE
Parmi les principales inquiétudes des riverains, l'agrandissement du centre de rétention administrative, qui pourrait accueillir une centaine d’étrangers, contre quarante actuellement, est fermement combattu par le comité. "Pour des raisons évidentes, lance Géraldine Colin. La prison (sic) est en plein coeur chez nous, à deux pas de la crèche, des écoles, du campus universitaire, de la place et des commerces."