Connue pour être dynamique et festive, la rue Bonaparte est unique à Nice. Là- bas, depuis 2019, le bitume est grimé d'un bleu azur, cerné aux extrémités par le drapeau LGBT+.
La peinture au sol est encore presque fraîche. Renouvelée chaque année au cours du "mois des fiertés", en juin, elle arbore de belles couleurs vives. Le quartier, autrefois précaire et parfois mal fréquenté, a connu de grandes transformations. Il est désormais surnommé le "Petit Marais de Nice".
Mais cette appellation aux allures progressiste est-elle vraiment légitime pour ses habitants ? Bonaparte, repère LGBT+, ou spot "attrape-touristes" ?
Commerçante, Margot travaille chez Opticien Créateur depuis quatre ans. Pour elle, c'est un endroit "très agréable : quand je suis arrivée, la place devenait piétonne, ça a renforcé son attractivité".
Attablées devant leur nouvelle enseigne, Maison Djulia, Dominique et Julie partagent cet avis."C'est un quartier très vivant" avance la fille. "Et très commerçant" ajoute la mère.
"Coup de comm" ?
Mais il semblerait que tous les résidents ne soient pas de cet avis. Lucas a 24 ans, il a toujours vécu près de cette place. Pour lui, le marquage multicolore au sol ou encore les évènements annuels comme la Dolly Party, sont un "vulgaire coup de comm'".
"On appelle ça le quartier gay mais ils font un événement par an et de temps en temps ils repeignent le sol… Les gens qui fréquentent les bars ici sont surtout des touristes, et des gays très bobos. C'est très peu représentatif de la communauté LGBT".
Pareil pour Céline, qui trouve que "le quartier a perdu son charme. C’est devenu une mangeoire. Trop de bruit, trop de bouffe… Le cliché de l’endroit branché".
Né dans le coin, Alain l'a vu évoluer, et ne s'y "retrouve plus à présent". Comme d'autres quartiers européens similaires, il aurait perdu son identité plurielle et se serait uniformisé. "Avant on trouvait des boulangeries, charcuteries, fleuristes, coiffeurs. Aujourd'hui, ne subsistent pratiquement que des restaurants…"