Dans notre ville et le reste du département, une dizaine de collectifs lancent un mouvement "Stop contrôles au faciès" pour dénoncer les agissements de certains policiers.
Inquiets des dérives observées chez certains agents des forces de l’ordre, dix associations maralpines ont officialisé mardi 20 juin le début d’une opération spéciale baptisée "Stop contrôles au faciès".
Son nom dit tout de la volonté des protagonistes, une liste dans laquelle on retrouve notamment Tous citoyens, Cent pour Un, la Cimade, la Ligue des droits de l’Homme ou encore le syndicat des avocats de France.
Une "pratique illégale" et "discriminatoire"
Concrètement, ils dénoncent une "pratique illégale", "discriminatoire" et portant "atteinte à la dignité humaine". Tous citent la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI), qui définit "le profilage racial" comme "l’utilisation par la police, sans justification objective et raisonnable, de motifs tels que la race, la couleur, la langue, la religion, la nationalité ou l’origine nationale ou ethnique dans des activités de contrôle, de surveillance ou d’investigation."
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Les militants profitent de cette campagne pour rappeler à la population qu’elle est en droit de témoigner pour attester de ces agissements, principalement en questionnant les agents sur les raisons de ces examens tant décriés.
Les associations invitent à filmer ces contrôles
Il est aussi précisé que chacun a la possibilité de filmer et de photographier les policiers lors des contrôles. Ces derniers n’ont pas le loisir "d’effacer ou de vous demander d’effacer les enregistrements, vous pouvez aussi refuser de montrer ces images", poursuit Tous citoyens.
Enfin, les associations donnent des conseils sur les points à noter si vous êtes témoin d’une telle scène : langue parlée par les individus, jour, lieu, heure, caractéristiques physiques, mais également l’attitude des agents.
Vous avez le loisir d’envoyer votre témoignage à l’observatoire des droits et libertés des Alpes-Maritimes par mail (obslibertes06@protonmail.com) ou par téléphone au 07.81.40.01.18, tout en précisant si vous disposez de photos ou vidéos.
Les personnes de couleur principales victimes
Les contrôles dits "au faciès" font référence entre autres aux personnes de couleur. Une étude du Défenseur des droits datée de 2017 affirmait que 40% des jeunes de 18 à 24 ans disent avoir été contrôlés au moins une fois lors des cinq dernières années. Une statistique qui monte à 80% pour "les jeunes hommes du même âge perçus comme noirs ou arabes".
Un phénomène qui touche une certaine partie de la population, ce que tend à prouver cette enquête du CNRS réalisée en 2009. Les chercheurs avaient observé 500 contrôles policiers à Paris. Il en ressortait que les "individus perçus comme "noirs" (d'origine subsaharienne ou antillaise) et celles perçues comme "arabes"(originaires du Maghreb ou du Moyen-Orient) contrôlées de manière disproportionnée par rapport aux personnes perçues comme "blanches"."
Dans les détails, une personne noire a entre 3 et 11 fois plus de risques de subir un examen de la part des forces de l’ordre, 7 fois pour les hommes et femmes d’origine arabe.