L'opposition appelle la Ville à imposer des critères esthétiques pour les nouveaux bâtiments. Laquelle défend un "modèle niçois en matière d'architecture".
Finalement, qu'est-ce qui est vraiment beau ? Ce débat un brin philosophique a animé le dernier conseil municipal de Nice, le 13 octobre dernier.
La mairie présentait à cette occasion une nouvelle charte prévue pour "rompre avec l'urbanisme débridé", et garantir "une qualité architecturale de la production immobilière", mais aussi sa"performance écologique". Pas une mince affaire, tant les immeubles poussent comme des champignons à Nice-Ouest.
Une fois n'est pas coutume, le groupe d'opposition écologiste a assuré de son soutien cette initiative, tout en espérant que ses dispositions dépassent la déclaration d'intention pour "devenir règlementaires". Anne Ramos, l'adjointe en charge du dossier, a assuré qu'il s'agit d'une éventualité, si la Ville rencontrait des difficultés pour imposer son modèle de "Nice verte et bleue".
Est ensuite arrivée l'épineuse question de l'esthétisme des productions, lancée par les élus de Retrouver Nice (ex-RN et Reconquête).

Pour le conseiller municipal Thierry Venem, la mairie s'en tient à "des formules incantatoires" qui ne garantiraient pas réellement la qualité des nouveaux bâtiments niçois.
"Vous évoquez dans cette charte le besoin d'harmonie des immeubles. À quel moment la retrouve-t-on avec Iconic, construit tout près de la Gare Thiers?" s'est-il interrogé, faisant allusion au diamant imaginé par Daniel Libeskind, inauguré d'ici au printemps 2023.
"Immeubles hideux un peu partout"
Pour Retrouver Nice, sans obligations claires quant au design des bâtiments, il sera impossible de garantir leur qualité. "On sait qu'à l'Ouest cette mairie peut faire sortir de terre des immeubles horribles" avait déjà dénoncé Philippe Vardon, président du groupe, dans nos colonnes en septembre. Même son de cloche, avec les mêmes mots, du côté du député LR Eric Ciotti cet été : "la Métropole Nice Côte d'Azur fait sortir de terre, un peu partout, des bâtiments hideux pour y installer ses bureaux. (…) On assiste à une ghettoïsation".
"Nous entrons là dans un débat d'architectes, ce que nous ne sommes pas" a répondu Anne Ramos à Thierry Venem pendant le conseil municipal.
"Imposer un modèle niçois"

Christian Estrosi, a défendu de son côté Iconic, "une oeuvre validée par l'architecte des bâtiments de France, et qui sera sans doute classée".
En mars, à l'occasion du dernier Marché international des professionnels de l’immobilier, le MIPIM, le maire-président avait déjà noté : "quand je vais à Montpellier, à Lyon, à Toulon, à Saint-Etienne, je vois la même ville que celle que je suis en train de faire là".
"Je ne laisserai plus personne faire la même ville que les autres".
Christian Estrosi avait réaffirmé sa volonté d'imposer "un modèle niçois" en termes de style architectural. "Je veux que, quand on regardera dans dix ans ou dans quinze ans l'ÉcoVallée, on se dise que c'est à Nice et pas ailleurs. Il va falloir y aller dans l'originalité".
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Le débat ne date pas d'hier !
Parmi les bâtiments que les Niçois trouvent les plus laids, on retrouve des productions qui ne sont vraiment pas récentes. L'hôtel Méridien, livré sur la Promenade des Anglais dans les années 1970, est parfois surnommé "la verrue". Acropolis et le palais des sports Jean-Bouin, édifiés la décennie suivante, ne sont pas plus appréciés.