- Vous lisez un épisode de “Libération, l’identité préservée”, l’un des dossiers de Nos Quartiers, le magazine qui parle de vous.
Président du comité Valrose-Jeanne d'Arc, Pierre Lahitette a tout connu dans son quartier d'adoption depuis cinquante-quatre ans, lui le basque de naissance.
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En cet après-midi ensoleillé, où la douceur du printemps ne permet pas encore d'enlever sa veste à l'ombre des oliviers et des palmiers, Pierre Lahitette est assis sur l'un des nombreux bancs du jardin Thiole.
Sourire aux lèvres, cette figure incontournable de la Libé, 86 ans, se penche et se met à chuchoter. "Pour moi, c'est le meilleur quartier de Nice. Regardez autour de vous, tout est réuni ici. Commerces, restaurants, marchés, pharmacies… Quand j'ai atterri à la Libération, je me suis dit que j'étais enfin chez moi."
Biarrot dans le coeur, niçois dans l'âme
Tout est parti d'un hasard et d'une opportunité, comme souvent dans la vie, au détour d'une candidature envoyée sans trop y croire.
"Un jour, un copain est venu me voir pour me dire qu'il y avait un poste vacant à Villefranche-sur-Mer et qu'il cherchait un chimiste, se remémore celui a consacré sa carrière professionnelle à la biologie, au sein du Commissariat à l'énergie atomique. Je lui ai répondu qu'il devait y avoir 1000 demandes et que je n'avais aucune chance."
"Le parking Jeanne d'Arc ? Cela fait 35 ans que nous l'attendons. Les riverains avaient besoin de places de parking et le jardin va révolutionner la vie de ce quartier"
Quelques semaines plus tard, Pierre Lahitette débarque ici. Parce que d'un Sud à l'autre, il n'y a parfois qu'un pas, que Pierre Lahitette a franchi en août 1970. De son Biarritz natal à sa Nice d'adoption, le destin de ce retraité a pris un nouveau chemin à 850 kilomètres plus à l'Est, pour ne plus jamais changer de cap.
Cinquante-quatre ans plus tard, le président du comité Valrose-Jeanne d'Arc n'a pas bougé, installé dans le même appartement, en face de l'école élémentaire Fouont Cauda.
Il a connu Libé sans tram et avec une gare ferroviaire
"Mon beau père nous disait qu'à notre place, il ne bougerait pas. Avec ma femme, nous avons visité des appartements, mais nous n'avons jamais accroché. Alors nous ne sommes jamais partis", souffle Pierre Lahitette, père de deux garçons et tristement veuf depuis deux ans.
Un drame qui n'a pas altéré sa forme physique, à l'image de ce contrôle pied gauche, passe du pied droit, à la réception d'un ballon envoyé trop fort par deux pitchouï, jardin Thiole. À la Libé, vous pouvez d'ailleurs le voir déambuler aux quatre coins du quartier. Un attachement profond qui s'est naturellement traduit par un engagement sans faille pour son comité des habitants.
"Nous avons lutté pour empêcher certaines aberrations, notamment un promoteur qui voulait détruire la devanture de la Gare du Sud ou un immeuble de huit étages au niveau du parking Jeanne d'Arc"
"Une voisine de l'époque nous avait invité à nous rendre à une fête du coin. Avec ma femme, nous y sommes allés. C'était en 1982." L'année suivante, le biologiste intègre le comité. En 1990, il en prend la présidence. Une époque lointaine, où Libération ne ressemblait pas au quartier d'aujourd'hui, que tout le monde s'arrache pour y vivre.
"Il a connu une évolution importante, confirme-t-il. La jeune génération et les comités ont permis de moderniser et redynamiser Libération." Quand le Biarrot y a atterri, la Gare du Sud était une gare ferroviaire "avec des vieilles locomotives", le tramway "n'existait pas" et le tunnel de Cimiez "non plus".
Une vie de lutte et de projets pour son quartier
Les projets, eux, n'étaient pas tous du goût des habitants. "Nous avons lutté pour empêcher certaines aberrations, notamment un promoteur qui voulait détruire la devanture de la Gare du Sud ou au niveau du parking Jeanne d'Arc, où tous les projets inimaginables ont été sur la table, dont un immeuble de huit étages."
Le fameux projet du jardin et du parking Jeanne-d’Arc, une consécration pour Pierre Lahitette et les résidents de la Libé. "Cela fait 35 ans que nous l'attendons, et ce projet va enfin voir le jour. Je suis heureux du résultat. Les riverains avaient besoin de places de parking, et le jardin va révolutionner la vie de ce quartier."
"Je compte encore m'investir dans de nombreux projets. Avec les copains du comité de quartier Nice-Nord, nous avons plein d'idées"
À 86 ans, ce grand fan de rugby, un sport qui l'a marqué jusqu'aux oreilles — "je me suis souvent rendu aux matchs du Rugby Nice Côte d'Azur (aujourd'hui Stade Niçois Rugby, ndlr) — entend bien rester dans la mêlée.
"Je compte encore m'investir dans de nombreux projets, assure celui qui a pour habitude de faire ses emplettes chaque matin au marché de la grand-place. Avec les copains du comité de quartier Nice-Nord, nous avons plein d'idées, que nous ne manquerons pas de vous dévoiler bientôt…" À la Libé, il n'y a décidément pas que les plus jeunes qui oeuvrent à la valorisation de leur territoire.