Christian Estrosi veut, notamment, démolir le palais des Congrès du centre-ville pour étendre la Coulée verte et en construite un autre, plus compétitif au niveau international, à l'Ouest de Nice. L'opposition de tous bords est vent debout contre le projet.
VIE LOCALE — La démolition d'Acro' et du TNN va-t-elle faire figure de feuilleton de l'été ? Christian Estrosi a présenté son idée dès janvier dernier : lors de sa déclaration de candidature, le maire de Nice annonçait vouloir raser le vieux palais des congrès édifié dans les années 1980, pour prolonger la Promenade du Paillon vers le Nord.
Le Théâtre national de Nice serait, lui aussi, démoli et relogé dans l’ancienne église des Franciscains (Vieux-Nice). Dans Nice-Matin, il expliquait hier que le TNN "est une ruine à l'intérieur" et que des rénovations coûteraient trop cher.
L’idée ? Conforter l’objectif d’une Nice "ville jardin, ville verte de la Méditerranée."
Avant

Après

Un autre palais des congrès, plus vaste donc plus compétitif au niveau européen, serait édifié à l’Ouest, à côté de l’aéroport. La mairie chiffre à 30 millions d’euros cette extension de la Coulée.
Confortablement réélu le 28 juin dernier (59%), M. Estrosi affirme que les Niçois ont par là même "largement validé son projet".
Pour les socialistes, un "plan à l'arrache"
"Démolir le TNN, c'est un crime contre l'architecture et Nice Au Coeur (son mouvement politique et citoyen, NDLR) s'y opposera par tous les moyens" a tweeté ce lundi 6 juillet Patrick Allemand (PS).
"Il est urgent d'attendre pour voir comment le tourisme d'affaire va évoluer post-Covid" a-t-il ajouté.

Pendant la campagne électorale, sa liste avait proposé un contre-projet culturel (détaillé dans notre article du 24 janvier dernier) pour éviter que le TNN soit rasé. Pour ce qui est d'Acropolis, elle avait souligné que "l’outil est encore crédible et opérationnel".
Les socialistes avaient dénoncé à propos de l'idée du maire-candidat "des promesses totalement à l’arrache griffonnées pour faire le buzz."
Avant de comparer le premier magistrat de la ville à une figure historique peu flatteuse : "En 1984, Nicolae Ceaușescu avait rasé 500 hectares à Bucarest pour créer son Palais idéal. Aujourd’hui, Christian Estrosi veut raser Acropolis et le TNN pour construire sa coulée idéale qui ne sera en fait qu’une nature artificielle."

Le RN veut un référendum
Philippe Vardon (RN) a rapidement dégainé, peu après l’annonce des résultats de la municipale niçoise : "Il va falloir que Christian Estrosi écoute les Niçois. Notre démocratie représentative est essoufflée, il faut revenir à une démocratie directe : concernant la destruction du Théâtre national (TNN) et du palais Acropolis, soit il est raisonnable et il y renonce, soit il doit poser la question aux Niçois dans le cadre d’un référendum local."
Pour le nouveau patron de l’opposition municipale, le maire n’est "pas légitime" pour prendre cette décision, puisqu’il a été réélu dans un second tour marqué par 72,2% d’abstention.
De plus, d'après lui, raser ces deux bâtiments va "alourdir la dette — alors que Nice n'en a pas besoin — et nous faire repartir pour dix ans de travaux."
"Dramatique" pour les Verts
"Ce qui est triste c’est qu’il est cohérent avec lui-même. C’est dramatique car il croit sincèrement que détruire et bétonner c’est bon pour la ville" taclait Jean-Marc Governatori lors de la présentation du projet de Christian Estrosi en janvier dernier.
"Urbanisme chaotique" pour la gauche de "Viva!"
"Nous sommes entré·es à Nice dans l’ère de l’urbanisme chaotique et des bâtiments jetables. Des constructions emblématiques comme le TNN ou Acropolis ont une durée de vie de 30 ans à peine" critiquait la liste de gauche Viva, menée par Mireille Damiano, pendant la campagne.
"Nous voulons une ville durable, qui cesse de gaspiller les deniers publics et qui donne toute sa place à la culture."
"Nous demandons la transparence sur l’état de ces bâtiments et les différentes options possibles les concernant. On détruit aujourd’hui les aberrations urbanistiques de Jacques Médecin. Nos enfants devront détruire celles de Christian Estrosi."