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Ils ont vu passer Jean Renoir et Marcel Carné, ont déjà soufflé leurs cent bougies en 2019. Après des années de passage à vide, les studios niçois comptent bien compter demain, alors que le gouvernement a promis des millions d'euros pour relancer le cinéma français face à la concurrence européenne.
Comment se portent les Studios de la Victorine, à Nice-Ouest? Très bien merci, répond la mairie. "Les chiffres sont là. Ils ont pu accueillir 33 productions ciné et audiovisuelles en 2019, 28 l’année suivante malgré le Covid-19, et 49 en 2021!" détaille dans Nice-Presse Robert Roux, le "monsieur culture" de Christian Estrosi depuis deux ans.
"On peut citer les films d’Olivier Baroux et Nicolas Bedos, la série The Reunion et une publicité pour la marque de luxe Céline."
L'ensemble avait été repris en régie municipale en 2017. Le 30 juin, le conseil municipal a voté le principe d'une concession des studios à un acteur du privé pour leur financement, leur exploitation et leur développement. "Il va y avoir des investissements sur des années. À moyen terme, un nouveau studio sera construit, à la place de la piscine" indique M. Roux. Un plateau de 3.000 mètres carrés était préconisé dans un rapport publié en 2018.
Le futur concessionnaire devra donc mettre sur la table d'importants moyens, puisqu'il s'engage notamment à mener des chantiers… contrôlés de près par la Ville, s'appuyant sur "un cahier des charges bien précis", tel qu'indiqué dans la délibération votée par les élus.
L'idée est de trouver un acteur capable de supporter un projet avec plus de force que celle de la mairie, afin d'accueillir trois pôles: le cinéma — tournages et productions —, la formation et l'innovation numérique/l'entreprenariat.
Il faudra déployer entre 45 et 62 millions d'euros pour faire vivre ces axes. 35 millions, au minimum. La collectivité y a déjà injecté 2,5 millions au titre de la modernisation des structures.
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Plusieurs partenariats d'ampleur ont déjà été conclus ces derniers mois: avec la plateforme américaine Prime Video, l'ENS Louis-Lumière ou encore le cours Florent.
Affichant l'ambition de faire de Nice "la capitale du 7ème art", le conseiller municipal chargé du cinéma Henry-Jean Servat évoquait en 2021 l'idée de créer un festival local, distinct de celui de Cannes.
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La France à la traîne
La mairie espère beaucoup du plan France 2030 porté par le président Emmanuel Macron, "qui vise à soutenir très largement une offre nationale de studios à même de concurrencer l'offre internationale." 400 millions sont prévus — avec le CNC aux manettes — après des années de sous-investissement. Le risque étant que les grandes productions partent trouver des structures plus adaptées en Allemagne, en Grande-Bretagne et en Italie.
Comme le rappelle Le Figaro, le total des surfaces de plateaux disponibles dans les quatre premiers studios français (Studio de Paris, de la Victorine, de Bry-sur-Marne et d’Épinay-sur-Seine) soit environ 23.000 m, et inférieur à celui du seul studio Pinewood à Londres (39.000 m) ou de Babelsberg à Berlin (28.000 m).
À la belle époque, en 1930, notre cité comptait six studios. Elle n'a plus qu'une structure aujourd'hui, peu compétitive au niveau international. Demain, Nice pourrait peser en Europe grâce à une alliance sur l'arc méditerranéen, avec Marseille et Martigues.