Commentaire -- Une pluie de critiques s'est abattue contre un rassemblement de la police municipale organisé à Nice vendredi 21 mai, publiquement soutenu par Christian Estrosi et plusieurs de ses adjoints.
Les agents azuréens ont voulu envoyer un signal fort cette semaine. Hier, environ 250 policiers municipaux se sont réunis à la mi-journée sur la place Masséna pour protester contre la censure par le Conseil constitutionnel de certains passages de la loi Sécurité globale. Parmi les mesures retoquées par les "Sages", l'utilisation des drones et l'extension des compétences des PM.
Plusieurs élus s'étaient déplacés pour soutenir l'initiative, dont le maire de Nice, son premier adjoint Anthony Borré, l'adjoint à la Circulation Gaël Nofri ainsi que celui de la Jeunesse Graig Monetti, qui est aussi le conseiller spécial et chef de cabinet de la ministre de l'Enseignement supérieur.
Les premières critiques formulées contre cette initiative émanent du président du Syndicat de Défense des Policiers Municipaux (SDPM), publiées sur Twitter puis relayées par les médias locaux Actu Nice et France 3 Côte d'Azur. L'homme accuse le maire de Nice et ses services d'avoir "manipulé" les agents, incités à aller manifester pour protester contre l'abandon de prétendues "mesures sociales" contenues dans le texte… alors que la loi n'en a jamais fait état. D'après lui, les agents n'auraient que faire des articles leur accordant de nouvelles compétences, qui seraient souhaités "uniquement par Christian Estrosi".
Un argumentaire doublement étrange. Il serait assez étonnant que ces centaines de policiers municipaux n'aient pas connaissance d'un texte qui les concernent au premier chef et qui fait la une des médias depuis plusieurs mois. Aucune mesure réellement sociale n'était prévue dans cette loi, ce qui avait déjà été dénoncé dans nos colonnes en décembre par la députée LR Marine Brenier, qui appelait à agir sur leur formation, leur rémunération et leur retraite.
Pour ce qui est des mesures réellement intégrées dans Sécurité globale, il serait faux de dire que les agents s'en moquent puisque plusieurs d'entre eux, comme nous l'avions déjà relayé ici et là, ont confié à Nice-Presse leur désarroi face à certaines limites de la législation qui les empêchent parfois de faire leur travail correctement.
D'après les policiers avec qui nous avons pu échanger, parfois pendant plusieurs nuits d'immersion, des délinquants, très au fait des textes en vigueur, se serviraient des limites des compétences des PM pour échapper aux sanctions, notamment dans le cadre d'infractions routières ou de trafic de stupéfiants.
Le président du SDPM a également annoncé qu'il réfléchissait à porter plainte, puisque le rassemblement de vendredi n'aurait pas été déclaré dans les temps. Le syndicaliste accuse également le maire de Nice, sur la base d'un mail, d'avoir été à l'origine de l'évènement. Une accusation balayée par le directeur de la police municipale, Richard Gianotti, qui a condamné une "polémique stérile" ce samedi 22 mai sur France 3. Selon lui, tout a bien été organisé par les policiers, contrairement à ce que laisse penser le mail émanant des services de la Ville, "rédigé de façon maladroite".
Plusieurs médias, dont Mediapart ont taclé cette manifestation, qui aurait été organisée "contre l'État de droit". Christian Estrosi répondait hier qu'en tant qu'élu, il a "plus de crédibilité qu'un juge constitutionnel qui est déconnecté de la réalité du terrain". De plus, les policiers municipaux ne sont pas assujettis au devoir de réserve.
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