Le nouveau ministre des Transports, Philippe Tabarot, veut "porter en priorité" la question de la sûreté dans les transports, a-t-il dit mardi à l'AFP en marge de la cérémonie de passation de pouvoir avec son prédécesseur, François Durovray.
Partisan d’une ligne dure en matière sécuritaire, le sénateur LR s’est fait remarquer ces derniers mois pour sa proposition de loi visant à améliorer l'arsenal de sécurité dans les transports, largement adoptée au Sénat mais jugée inapplicable et liberticide par la gauche.
Ce texte est "l'un de ceux que je compte porter en priorité, parce qu'on sait que la sûreté dans les transports, c'est la première préoccupation" des usagers, a estimé le nouveau ministre délégué auprès du ministre de l'Aménagement du territoire, François Rebsamen, qui a salué "un très grand connaisseur des transports" dans son discours de passation.
"Je suis très ouvert au dialogue" avec les partenaires sociaux, a également déclaré M. Tabarot, rapporteur au Sénat d’un texte clivant pour limiter le droit de grève dans le ferroviaire, qui a suscité l’ire des syndicats avant les Jeux olympiques.
"Pour autant, je réaffirme qu'il y a eu, à certaines périodes, certaines années, un droit de grève qui a pu être détourné (…). Je serai très attaché au dialogue social mais également à ce que les usagers puissent avoir un service de bonne qualité", a poursuivi l'ancien vice-président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte-d'Azur (PACA), où il était chargé notamment des transports.
Plusieurs dossiers épineux attendent le nouveau ministre délégué, qui devra piloter son portefeuille dans un contexte de restriction budgétaire. Le secteur aérien, qui devait subir une ponction fiscale supplémentaire d'un milliard d'euros aux termes du projet de loi de finances 2025 présenté par le précédent gouvernement, a appelé le 18 décembre "à abandonner ce projet au caractère récessif".
Grand défenseur de la privatisation du rail, projet qu'il a porté pour la ligne de TER Marseille-Nice, M. Tabarot a assuré vouloir "continuer" l'ouverture à la concurrence de la SNCF "avec le rythme prévu".
"Les régions sont en train de s'apercevoir qu'elles ont tout intérêt à ouvrir leur réseau à la concurrence parce que ça permet d'augmenter l'offre (…) au même niveau d'investissement pour la collectivité", a-t-il soutenu.
Pour la CFDT Cheminots, les avis de M. Tabarot, "ardent défenseur et thuriféraire de l'ouverture à la concurrence", sont "connus et tranchés", a réagi Thomas Cavel, secrétaire général du quatrième syndicat représentatif à la SNCF.
En revanche, a-t-il déclaré mardi à l'AFP, l'on n'a pas entendu "des prises de position sur la nécessité de financement du réseau ferroviaire et son développement". "Il y a d'autres priorités" que d'essayer de restreindre le droit de grève, a plaidé M. Cavel : "concentrons-nous sur un outil ferroviaire au service des citoyens".
Autre sujet "crucial" dans le viseur du nouveau ministre : la fin des concessions autoroutières. M. Tabarot a souhaité mardi que "l'État puisse y trouver son compte pour, pourquoi pas, faire profiter de cette manne financière d'autres modes de transports qui sont moins bien lotis".