Un ancien policier de Monaco et un agent immobilier ont écopé de peines de prison ferme et d’importantes amendes pour avoir vendu l’obtention de titres de résidence à un riche industriel belge du textile et à ses proches, selon une source judiciaire mardi.
Un commissaire de police désormais retraité a été condamné à trois ans de prison ferme et à 100.000 euros d’amende pour « complicité de délivrance indue de documents administratifs, corruption passive, corruption active sur agent public national, trafic d’influence actif et passif et blanchiment ».
Le responsable d’une agence immobilière, jugé complice, a écopé de 18 mois de prison ferme et d’une amende équivalente, tandis qu’un autre policier, successeur du commissaire, a été condamné à 18 mois avec sursis et 20.000 euros d’amende.
L’ex-épouse du commissaire, à l’origine de la dénonciation en 2016 alors qu’elle divorçait, a été condamnée à 12 mois avec sursis et 20.000 euros d’amende.
Un policier subalterne a été relaxé (comme trois employés de l’agence immobilière). Deux autres salariés ont reçu une peine de six mois de sursis et 5.000 euros d’amende, tandis qu’un dernier a été dispensé de sanction.
Un système de résidences monnayées
Pendant plusieurs années, le magnat belge du textile Pierre Salik et une quinzaine de ses proches ont obtenu le très prisé titre de résident monégasque (permettant notamment aux non-Français et non-Américains d’éviter l’impôt sur le revenu dans leur pays).
En théorie, l’attribution de ces titres est très encadrée, mais M. Salik et ses proches ont bénéficié d’un traitement préférentiel. Ils louaient des logements à Monaco et achetaient des abonnements au stade pour feindre une présence régulière, alors que les appartements étaient en réalité sous-loués.
Le commissaire, aujourd’hui âgé de 73 ans, était soupçonné d’avoir mis en place ce dispositif avec la complicité de deux collègues policiers et de l’agent immobilier.
Devant les enquêteurs, son ex-femme a affirmé que M. Salik avait offert des dizaines de milliers d’euros et deux véhicules. Elle a également confié avoir déclaré à sa banque qu’elle se prostituait (activité légale à Monaco) afin de justifier des dépôts en espèces.
M. Salik, décédé en janvier, faisait déjà l’objet de poursuites en Belgique pour évasion fiscale.
Dans une déclaration adressée à l’AFP, Mes Pierre-Olivier Sur, Jérémy Gutkès et Sarah Caminiti-Rolland, avocats du principal accusé, ont qualifié cette condamnation d’inutilement humiliante et sévère, sans préciser si un appel serait déposé. Me Thomas Giaccardi, avocat de l’agent immobilier, a confirmé que son client allait faire appel.
Avec AFP



