Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a réaffirmé mercredi son « soutien absolu » aux magistrats et avocats récemment visés par des menaces, tant dans les médias que sur les réseaux sociaux, insistant sur la nécessité de garantir leur « protection intégrale ».
Lors des questions au gouvernement, en réponse au sénateur PS Michaël Weber, le garde des Sceaux a souligné cet appui sans faille aux magistrats marseillais, mais aussi à ceux placés sous protection policière en raison de menaces émanant des réseaux de narcotrafic — une juge de Carpentras avait récemment réclamé une protection rapprochée.
Le ministre a également rappelé avoir exprimé publiquement son soutien, fin janvier, aux avocats spécialisés en droit des étrangers, cités nommément et mis en cause par le média identitaire Frontières.
Face à ces menaces, « magistrats, avocats, greffiers, agents pénitentiaires, mais aussi policiers, gendarmes, tous ceux qui incarnent l’autorité de l’État doivent bénéficier d’une protection totale », a martelé Gérald Darmanin.
« La question de la protection, de l’indépendance et de la liberté de la chaîne pénale est une question républicaine », a-t-il insisté.
Cette prise de position intervient au lendemain d’un communiqué exceptionnel du Conseil supérieur des tribunaux administratifs et des cours administratives d’appel (CSTA), condamnant « avec force » les injures et menaces récemment proférées sur les réseaux sociaux à l’encontre de juges et d’avocats. »
Selon le Conseil d’État, les menaces visant magistrats et personnels de greffe, dont certaines d’une extrême gravité, se multiplient ces dernières semaines, en réaction notamment à une décision du tribunal administratif de Melun (Seine-et-Marne). Celui-ci a annulé la semaine dernière l’obligation de quitter le territoire français (OQTF) sans délai qui pesait sur l’influenceur algérien « Doualemn ».
Mercredi matin, sur France Inter, un homme se présentant comme magistrat de ce tribunal a interpellé le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sur ses critiques de cette décision, rappelant qu’elle n’était « que la stricte application du droit ».
Depuis, les magistrats du tribunal administratif font face à « un déchaînement de haine sur les réseaux sociaux, émanant de la fachosphère : des appels à pendre haut et court la Présidente, à décapiter le premier vice-président… Certains ont même fouillé en ligne, à partir d’un organigramme, pour tenter d’identifier l’auteur de ce jugement, qui pourtant ne fait qu’appliquer la loi, strictement la loi », a témoigné cet auditeur.
(Avec AFP)



