À quelques semaines du lancement de la haute saison, les voyants sont déjà au vert en Provence-Alpes-Côte d’Azur, laissant présager une année touristique exceptionnelle. Avec des réservations en nette hausse et un regain d’intérêt de la clientèle internationale, la région semble prête à battre de nouveaux records.
Maire de La Londe-les-Maures depuis 2008 et président du Comité Régional de Tourisme Provence-Alpes-Côte d’Azur, François de Canson revient avec Nice-Presse Dimanche sur des chiffres prometteurs, l’impact des grands événements internationaux, et la nécessité de concilier économie et écologie. Rencontre avec le défenseur d’un tourisme durable et équilibré.
La saison estivale 2025 s’annonce prometteuse. Peut-on déjà parler d’une nouvelle année record» pour la région?
L’année 2024 est devenue une référence, avec 24,1 millions de nuitées en hôtellerie (+1%) et 17,5 millions en camping (+5%), ce qui fait de nous la meilleure région de France dans ces deux secteurs. Pour 2025, nous observons une dynamique similaire, notamment grâce à une clientèle internationale en hausse de +9%. Les réservations pour l’été sont encourageantes, avec des hausses notables en juin (+1%) et septembre (+2%). Nous sommes confiants: 2025 pourrait très bien surpasser 2024.
Quelles leçons tirez-vous du succès de 2024, marquée par les Jeux Olympiques et la commémoration du Débarquement de Provence?
Les grands événements et notre mobilisation promotionnelle exceptionnelle ont été déterminants. Grâce au président Renaud Muselier, nous avons attiré des événements d’ampleur mondiale comme les Jeux Olympiques, qui ont généré 200 millions d’euros de retombées économiques et une visibilité internationale immense. Notre action, avec 4,7 millions d’euros investis, montre que nous savons exploiter pleinement ces moments forts. La leçon est claire: il faut poursuivre sur cette lancée, notamment avec les Jeux Olympiques d’hiver de 2030.
Justement, quel impact espérez-vous avec Alpes 2030?
Ces Jeux pourraient générer 3 milliards d’euros de retombées économiques et créer jusqu’à 50.000 emplois, dont plus de 500 dans les Hautes-Alpes. Ils permettront aussi de promouvoir notre territoire à l’échelle mondiale, mettant en avant la diversité et l’attractivité de notre région tout au long de l’année.
Comment comptez-vous conjuguer attractivité touristique et respect de l’environnement pour ces JO?
Notre stratégie repose sur un modèle exemplaire, durable et localement ancré. Nous voulons désenclaver les territoires alpins en rénovant et en créant des infrastructures modernes, offrir aux jeunes générations des raisons de rester sur leur territoire grâce à un modèle économique diversifié, réaffirmer Nice comme capitale euro-méditerranéenne du tourisme hivernal, et laisser un héritage écologique et économique. Les JO doivent être un point de départ vers la « montagne de demain ».
Que répondez-vous aux écologistes qui critiquent ces événements?
Nous n’avons jamais opposé économie et écologie. Nos projets de neige et de chalets respectent strictement l’environnement. Nous visons une montée en gamme des établissements tout en améliorant les conditions de transport pour désenclaver les territoires alpins. À noter que 95% des équipements utilisés pour les Jeux existent déjà: notre but n’est pas de révolutionner, mais d’améliorer l’existant.
Un tourisme réparti sur toute l’année plutôt que cantonné à l’été est au coeur de votre stratégie. Quels résultats concrets obtenez-vous?
En dix ans, la fréquentation touristique hors saison a fortement progressé : +10% au printemps et en automne, et +13% en hiver. Nous valorisons nos trois marques – Provence, Alpes du Sud et Côte d’Azur – avec des campagnes comme « Winter is the new summer » ou « Noël provençal », qui portent leurs fruits.
Comment gérez-vous les pics de fréquentation?
Nous évitons le terme de « surtourisme », mais reconnaissons ces pics. Des initiatives comme la limitation de l’accès à Porquerolles ou dans les calanques de Marseille (de 2.400 à 400 visiteurs par jour grâce à la réservation obligatoire) montrent que nous pouvons réguler intelligemment ces flux. Nous adaptons ces modèles là où c’est nécessaire.
Quels efforts faites-vous pour reconquérir la clientèle chinoise?
Nous n’avons jamais rompu les liens avec la Chine. Après une mission à Shanghai en 2024, nous observons une forte reprise, avec une clientèle chinoise désormais plus individuelle, orientée haut de gamme, et sensible à notre art de vivre et à nos engagements environnementaux.
L’emploi touristique reste un défi. Quelles solutions apportez-vous?
Nous misons sur la désaisonnalisation et la formation, avec 17 millions d’euros investis chaque année, complétés par un million supplémentaire pour former rapidement du personnel disponible. Le logement des saisonniers est aussi crucial: nous proposons désormais 1000 hébergements grâce à une coopération avec les CROUS.