Depuis la fermeture (voir encadré) par les Italiens cet été du "Campo Roja", dernier lieu d'accueil de Vintimille, les migrants sont livrés à eux-mêmes. Il n'y a plus que les associations pour leur venir en aide. Être réfugié aux portes de la France n’a jamais été aussi difficile, aujourd’hui plus que jamais.
DEPUIS VINTIMILLE (ITALIE) — "Avant le démantèlement du camp le 31 juillet dernier, nous servions près de quarante repas quotidiennement. Aujourd’hui, nous en servons le double". En amont de la gare de Vintimille, une file se forme. Devant l’association Caritas, une cinquantaine de migrants attendent.
Cristian Papini est le directeur du centre. Cet éducateur professionnel depuis 1994 ne peut que constater l’afflux massif de migrants. Erythrée, Maroc, Gambie ou encore Afghanistan, ils se retrouvent à dormir dans les locaux abandonnés de la Croix Rouge italienne, quand ce n'est pas sous les ponts de la ville.

"Nous sommes en train de revenir en 2016 : à cette époque les migrants arrivaient par milliers ici, sans aide" poursuit le directeur. "Il y a trois semaines l’un d’entre eux a tenté de se suicider, il n'y a même pas une semaine un autre est mort électrocuté sur les rails… Et pourtant rien n’est fait" s’insurge M. Papini.
Devant les barrières du centre, un groupe chahute, des migrants afghans essaient de doubler : "Aujourd’hui, nous aidons le plus de réfugiés possible, en distribuant de la nourriture, en facilitant leurs démarches administratives. Hélas, nous sommes obligés de refuser des gens", désespère l’éducateur.
Même constat du côté de la Croix Rouge italienne. Valter Muscatal, membre de l’association explique : "Nous nous concentrons surtout sur l’apport de vivres ou encore la distribution de couvertures aux femmes et enfants en transit."
A #Vintimille, la fermeture du camp de transit Roya laisse à la rue les 200 migrants qui traversent quotidiennement cette ville frontalière. Le passage de la tempête Alex n’a fait qu’empirer leurs conditions de vie, déjà très difficiles. pic.twitter.com/sC9BM9XzIU
— maximelequeux (@MaximeLequeux) October 20, 2020
Un lieu de transit difficile
"La situation est de plus en plus dure". Pour Abdoul Salam Banse, demandeur d'asile (pour raisons politiques) du Burkina Fasso, la fermeture du camp aggrave la précarité des migrants.

Arrivé dans le camp de Roya il y a quatre ans, le jeune homme de 23 ans a pu bénéficier d’une assistance qui aujourd’hui n’existe plus. Pour l'associatif Valter Muscatal, il est l’exemple du migrant "intégré". Pourtant, le burkinabé vit toujours dans la misère.
Résidant en permanence au centre de la Croix Rouge italienne, Abdoul a trouvé un travail dans les champs aux alentours de la ville. L’association l’aide à obtenir ses papiers et subvient à ses besoins les plus basiques.
"J’étudie, j'essaie de m’intégrer. Pourtant, il y a toujours des gens qui ne sont pas bienveillants avec nous" regrette le réfugié. Ses amis ne sont pas tous aussi bien lotis : "Ils attendent et attendent encore…"
Condamné à rester aux abords de la gare à patienter ou à déambuler dans les rues de Vintimille, les migrants sont pour la plupart en transit.
Un court séjour chaotique qui, s’il s’allonge, pourrait devenir dramatique.