Christelle d'Intorni accuse Christian Estrosi d'avoir, à dessein, mal géré les soupçons de détournements de fonds à la Métropole, les utilisant comme prétexte pour annuler de coûteux travaux dans les vallées.
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Dans son viseur : de possibles détournements de fonds publics liés aux travaux de reconstruction de nos vallées maralpines, meurtries par la tempête Alex en 2020. Le tribunal judiciaire indique que l'enquête, ouverte le 13 mars, porte également sur d'éventuels "infractions d'escroqueries, de faux, d'usages de faux et de recel de ces infractions".
La collectivité communiquait sur la situation un mois plus tard, annonçant avoir transmis au Procureur de la République une alerte, sur la base de l’article 40 du code de procédure pénale, qui l'oblige à signaler un éventuel crime ou délit dès lors qu'elle en aurait eu connaissance.
Ce sont des "contrôles internes" qui auraient mis au jour des "anomalies comptables", portant sur des chantiers pour lesquels les sommes engagées sont évidemment faramineuses.
Cet enchaînement est aujourd'hui dénoncé par Christelle d'Intorni, députée Les Républicains des Alpes-Maritimes et élue de Nice Côte d'Azur.
D'Intorni met en cause les proches du président
Dans un courrier daté du 26 avril que nous avons pu consulter, cette proche d'Eric Ciotti adresse à Christian Estrosi une série de griefs quant à sa gestion de l'affaire.
"Au regard de la gravité des faits, il vous appartenait à tout le moins de convoquer un conseil métropolitain extraordinaire afin d’informer les élus" reproche-t-elle dans un premier temps.
"Si les éléments en votre possession sont avérés, notre Métropole doit être qualifiée de victime directe. En ce sens, un dépôt de plainte doit être privilégié plutôt qu’un simple article 40".
Christelle d'Intorni évoque ensuite le cas des employés de la collectivité, une vingtaine ayant été suspendus, à titre conservatoire. "Je note que vous avez décidé de (les) sanctionner sur la foi d’un simple signalement" note l'édile, bien qu'il s'agisse du protocole habituel en cas de suspicions dans une collectivité.
Pour elle, ce ne sont pas les bonnes personnes qui ont été visées. "Je tiens à apporter mon entier soutien à ces agents mis à pied, qui sont pour la plupart des agents de catégorie C, pour la majorité d’entre eux, lesquels ne sont que de simples exécutants sans aucun pouvoir décisionnel".
En clair, pour elle, c'est au "cabinet du président de la Métropole et à ses conseillers" qu'il convient de s'intéresser.
"Je constate que le DGS de la métropole, chargé de superviser les services et les dossiers à l’époque des faits, n’a pas non plus été mis en cause. Bien au contraire, vous venez de le décorer". Lauriano Azinheirinha, ancien cadre de la collectivité parti diriger l'office du tourisme, ne pourrait toutefois être sanctionné dans ses fonctions actuelles pour des faits présumés impliquants les précédentes.
"Vous avez outrepassé vos prérogatives"
Enfin, Christelle d'Intorni dit s'inquiéter pour les différentes entreprises chargées des chantiers dans les vallées : "Face à ces prétendues infractions pénales, vous indiquez avoir dénoncé les marchés publics (…) Une telle décision me semble précipitée et lourde de conséquences".
"Vous décidez unilatéralement sans avoir consulté les élus, de rompre ces marchés et donc d’annuler purement et simplement tous les travaux de compétence métropolitaine dans les vallées. Vous avez outrepassé vos prérogatives".
Et d'accuser : "D’aucuns mis en cause se demandent légitimement si cette précipitation ne serait pas qu’un leurre, un contre feu pour vous permettre de faire de substantielles économies en annulant des travaux que vous ne pouvez plus financer".
Pour conclure, la députée de la cinquième circonscription demande qu'un ensemble de documents liés à l'affaire soit transmis aux conseillers métropolitains. En attendant, l'enquête de police se poursuit.