Après les critiques d'Henry-Jean Servat, puis la défense appuyée de l'élu chargé des Théâtres Patrick Mottard, au tour de l'opposition de vouloir s'exprimer sur la programmation de l'Opéra Nice Côte d'Azur.
- Par Geneviève Pozzo di Borgo, conseillère municipale et métropolitaine du Mouvement conservateur au sein du groupe "Retrouver Nice", administratrice de l’Opéra.
- Le texte ne reflète que la position de son auteur
"— Tendance woke, c’est la raison invoquée par Henry-Jean Servat pour justifier sa démission du conseil d'exploitation de l'Opéra de Nice alors qu'il a toute légitimité pour siéger dans cette instance : passionné par l'art lyrique, il a mis en scène en 2005 la Traviata pour une adaptation en plein air et organisé avec succès très récemment la projection de Don Giovanni.
Pour comprendre cette démission, il faut savoir que la récente représentation de la Bohème à l'Opéra de Nice n'a été que le prétexte, sous couvert de VIH (au lieu de la tuberculose dans l’œuvre originale), pour livrer un spectacle obscène et militant en décalage total avec le livret.
La mise en scène, inspirée de l'esthétique porno-gay issue de la Factory d'Andy Warhol, proposait dès les premières scènes un transsexuel exhibant son pénis et de nombreuses personnes ont été choquées d'entendre les voix du choeur des enfants se mêler à ce spectacle.
Alors que la représentation des chefs-d’œuvre de l’art lyrique permet d’ordinaire d’attirer un nouveau public à l’opéra, il y a là une grave faute de programmation.
Respecter les classiques, c’est respecter le public
La question que pose cet épisode c’est en effet celle de l’instrumentalisation des chefs-d’œuvre classiques par une élite artistique qui pratique un entre-soi narcissique. Les pièces classiques, c’est vrai au théâtre comme à l’opéra, méritent le respect de leur intégrité.
Les gens qui font la queue au Louvre pour voir la Joconde ne s’attendent pas à la voir moustachue ou numérique mais, patine du temps mise à part, telle qu’ont pu la découvrir jadis les contemporains de Léonard de Vinci.
Il en va de même pour de jeunes fiancés ayant acheté deux places pour La Bohême, anxieux et intimidés de découvrir tout à la fois l’opéra comme spectacle et l’opéra comme lieu mythique, et qui se retrouvent plongés dans le milieu gay underground des années 80-90.
À force de déconstruction et de dissociation entre l'objet et sa représentation, on en vient à nier notre propre culture, nos propres chefs-d’œuvre, nos propres valeurs. Or, ce n'est pas le rôle, ni la mission de l'Opéra de Nice, qui doit rester un lieu de transmission et de préservation du BEAU accessible à tous les publics. Pour la création d’œuvres plus subversives, il y a dans notre ville d'autres lieux, plus expérimentaux, conçus pour cela. Et financés, eux aussi, par l’argent public. —"