Le week-end dernier, l'élu chargé du cinéma Henry-Jean Servat critiquait publiquement la politique culturelle menée par la Ville. Une prise de position que dénonce le conseiller de la majorité Patrick Mottard, qui a choisi de saisir Nice-Presse ce 21 juin.
Mise à jour : "Rupture de confiance": à Nice, Estrosi vire Henry-Jean Servat de sa majorité
"Puisque je ne vois aucune sanction venir, je voulais soutenir nos fonctionnaires chahutés ces derniers jours dans la presse. Il faut qu'il y ait au moins un élu pour défendre ses collègues et les agents".
C'est ainsi que le "monsieur théâtre" du gouvernement municipal entame sa prise de position sur "l'affaire Servat". Ce proche du maire est convoqué par Christian Estrosi jeudi 22 juin, même s'ils ont déjà eu un échange hier, mardi. Le patron de la majorité Pierre-Paul Léonelli a réagi, mais en privé. Auprès des édiles estrosistes, il a rappelé sur Whatsapp l'exigence de loyauté.
Patrick Mottard a choisi la presse, puisque c'est là que la polémique a démarré. "Cette séquence est particulièrement injuste pour le directeur de l'Opéra, et celle du cinéma. Ces derniers mois, ils ont mené des politiques très bénéfiques pour Nice".
Au sujet du premier, Bertrand Rossi, "les chiffres parlent pour lui, ils sont extraordinaires. Il a pu attirer 20% de nouveaux publics sur la saison écoulée, ce qui n'a rien d'évident à l'Opéra. Et les accusations de 'wokisme' sur sa programmation n'ont absolument aucun sens".
À la radio, Henry-Jean Servat avait décrit une institution à la peine, "en pleine dérive woke".
Une fonctionnaire "très secouée"
La directrice du cinéma ne s'en était pas mieux sorti. "J’ai dénoncé et je dénonce encore, seule, l’incompétence totale, à ce poste, de la directrice du cinéma que je souligne depuis deux ans. Je le lui ai dit. Elle peut être très bien, mais ailleurs" avait bombardé l'écrivain dans Nice-Presse.
Patrick Mottard : "elle est très secouée, puisqu'elle a été traitée d'incompétente dans les journaux par son élu. Son travail est pourtant reconnu par le maire. Elle s'est battue pour que les studios de la Victorine soient dans la short-list du ministère, dans le cadre du plan France 2030. C'est un succès à mettre à son actif. Plutôt que de le dire, la voici, comme Bertrand Rossi, clouée au pilori sur la place publique".
Avant de lancer, finement : "Ces deux fonctionnaires sont, eux, tout à fait discrets et oeuvrent pour leur ville".
Enfin, Henry-Jean Servat avait fait part de ses "regrets" quant à la démolition du théâtre de Bayard, à laquelle il était personnellement "opposé".
"Cette prise de position est dommageable. Le programme de Christian Estrosi était connu de tous, surtout par ceux qui ont voulu figurer sur sa liste, indique Patrick Mottard. Si on n'approuve pas, individuellement, le projet du maire, soit on se tait, soit on s'en va : c'est le principe de loyauté qui l'exige"
La municipalité devrait faire savoir demain si M. Servat est sanctionné ou pas. Depuis sa sortie de samedi dernier, il a déjà engrangé le soutien public des socialistes, de Reconquête mais aussi du président des Républicains, Eric Ciotti.