Du Nord, de Marseille, du Sud-Ouest… Alors que les accents de certains Français entraînent parfois des moqueries, une proposition de loi entend lutter contre cette "glottophobie".
FAITS DE SOCIÉTÉ — Le gouvernement a le sens des priorités. En octobre 2018, vous vous en souvenez peut-être, Jean-Luc Mélenchon (LFI) avait dû s'excuser auprès d'une journaliste pour avoir singé… son accent Marseillais (ville qui l'a pourtant élu député). Les Français avaient, à cette occasion, découvert le nom, un brin barbare, de cette forme de moquerie : la "glottophobie".
D'après un sondage mené par l'Ifop et paru en janvier 2020, 16% des interrogés assurent en avoir été victimes. Le député de l'Hérault, Christophe Euzet (Agir ensemble, majorité présidentielle), entend faire reconnaître cette "discrimination à l'accent".
L'élu aura travaillé pendant un an et demi sur la proposition de loi : elle est examinée ce mercredi par la commission des lois de l'Assemblée nationale.
"Il y a une centralisation linguistique. C’est l’idée qu'il n'y aurait qu'une seule bonne façon de parler, celle de la capitale ou en tout cas de l'élite qui travaille dans la capitale", explique à franceinfo Médéric Gasquet-Cyrus, linguiste et maître de conférence à l'université d'Aix-Marseille.
Et d’ajouter : "Tout ce qui est considéré comme satellite ou périphérique est considéré comme moins sérieux, moins légitime."
L'idée, au delà des simples moqueries, est d'éviter les discriminations à l'embauche. Pour certains métiers, dans le commerce ou la communication, des candidats assurent avoir été mis de côté à cause de leur façon de s'exprimer, d'après cette enquête.
Dans le journalisme par exemple, certaines écoles forcent leurs étudiants "à perdre leur accent pour être crédibles".