MAJ : Les journalistes ont fait parvenir à leur direction une lettre ouverte titrée "Stop aux dérapages éditoriaux / Faisons évoluer la rédaction", signée par une quarantaine de salariés, rapporte Arrêt sur images. La hiérarchie a promis une "vigilance accrue" et des "groupes de travail".
Le SNJ condamne fermement le traitement réservé par Nice-Matin à une affaire de viols, rappelant avec vigueur que "transmettre une information de qualité, ce n’est pas faire du simple commerce". Une affaire qui illustrerait la nécessité d'une "profonde évolution" de la hiérarchie du quotidien régional.
Le retraité Niçois de 74 ans était jugé devant la cour criminelle de Montpellier la semaine dernière. L'homme rencontrait ses victimes sur internet, se faisant passer pour un jeune play-boy de 37 ans, afin d'avoir avec elles des relations sexuelles les yeux bandés. Il a d'ailleurs été condamné pour viols par surprise.
Une affaire grave qui a fait les gros titres de la presse, dont celui de Nice-Matin. Mais sa formulation "prédateur ou séducteur ?" (et plus loin "un séducteur dans de sales draps (sic)") n'a plu ni à certains lecteurs - des commentaires très peu amènes ont fleuri sur les réseaux sociaux - ni à une partie de sa propre rédaction.
"Catastrophique"
Un tôlé remonté jusqu'aux élus locaux du Syndicat national des journalistes (SNJ). Dans un communiqué de presse envoyé le 27 octobre, ils dénoncent ainsi "un manque de clairvoyance".
"On ne traite pas une affaire de mœurs comme une projection de film, un procès comme un concert"
SNJ de "Nice-Matin"
"Il y a eu un choix très clair et assumé qui n’est pas seulement maladroit mais catastrophique" remarque-t-on, pointant "(d)es choix de titraille et de photo (qui) ne sont plus possibles en 2021".
Toujours d'après le SNJ, le directeur des rédactions Denis Carreaux aurait reconnu que "le traitement de l’affaire (posait) problème".
"Une rédaction, pas un hôpital psychiatrique"
"Cette affaire a révélé plusieurs points qui doivent être traités sans tarder par la direction" estime le SNJ avant d'ajouter que quand "les femmes représentent 40 % de la rédaction […] une vraie révolution des mentalités s’impose".
Le groupe de presse a annoncé prendre plusieurs initiatives. "Un premier pas mais il ne sera pas suffisant" réagit le syndicat. "Un journal, en 2021, ce n’est plus seulement une bande de mecs à la rédaction en chef".
"Le vivre-ensemble commence par restaurer un climat serein au sein des équipes, ne plus tolérer certains comportements, quitte à écarter ceux qui en sont responsables, et assurer un management qui intègre le dialogue. Une rédaction, c’est un lieu où l’on échange, en toute sérénité. Ce n’est pas une caserne ni un hôpital psychiatrique."
Pour "tendre vers une exemplarité", il souhaite "un travail de fond, collectif et apte à faire surgir des idées qui nous permettent d’évoluer" et prend en exemple les rédactions de Ouest-France, pourvues de groupes de travail "pour tendre vers un journal plus représentatif de la société".
Avant de conclure, avec une demande très claire : "Nous appelons immédiatement à une profonde évolution de la rédaction en chef, de la direction des rédactions et de l’ensemble de la rédaction avec une juste représentation de nos consœurs. Après l’émotion légitime, place aux actes. Dans la transparence et la volonté d’avancer dans ce « réseau social depuis 1945 »."
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