Ce dimanche 15 octobre, Anthony Borré, premier adjoint de Christian Estrosi et vice-président de la métropole Nice-Côte d'Azur, est notre invité spécial. Troisième partie de cet entretien, consacrée au logement.
Anthony Borré s'est exprimé, sur la sécurité et la délinquance dans un premier volet, et sur la rénovation des différents quartiers dans un deuxième.

Nice-Presse : c'est assez rare pour être souligné, Airbnb critique vertement la politique de la Mairie de Nice, vous accusant de "privilégier le tout-tourisme, au détriment du logement des habitants". Que répondez-vous ?
Anthony Borré : Je n'entre pas dans les polémiques. Nous menons, avec Christian Estrosi, une politique adaptée aux besoins des Niçois. À ceux qui réclament une interdiction d'Airbnb, je réponds que philosophiquement je suis contre.
Parce que vous êtes de droite, oui, mais à New York, c'est quasiment le cas. Et à là-bas, ce ne sont pas de grands communistes…
Juridiquement, ça serait compliqué. Encore que, c'est faisable, par un système un peu alambiqué auquel nous avons réfléchi. Si on en arrivait à une interdiction générale, il n'est pas certain que les propriétaires remettraient sur le marché locatif leur logement. Protégeons-les d'abord davantage des abus des locataires, et des risques de squats.
Je suis attaché au droit de propriété : celui qui a hérité, ou qui a gagné tout simplement sa vie, qui a besoin d'Airbnb trois mois par an, il doit pouvoir le faire. En revanche, ce qui est insupportable, c'est ceux qui se transforment en investisseurs, en agents immobiliers.
Nous serrons la vis. Voici les derniers chiffres : sur 1 338 demandes de changements d'usage instruites : 750 refus, nous sommes à 56 % de "non". Avant, nous accordions 80 % des changements ! Cela veut bien dire que nous avons changé de politique.
À présent, nous allons faire retirer de l'espace public les boîtes à clés, qui y ont été installées sans autorisation aucune.
Et l'interdiction dans certains quartiers, qui sont déjà surchargés, comme le Vieux-Nice ?
Imposer des quotas pourrait avoir du sens, mais cela pose un problème : les premiers arrivés seraient les premiers servis. Donc pour l'instant, je suis réservé.
Vous promettiez en 2020 de créer un "pass logement" pour les actifs en premier emploi et les entrepreneurs. Où en est-on ?
Ce que je vous réponds, c'est que nous agissons déjà pour les jeunes. Nous avons mobilisé, mi-2022 avec l'adjoint Graig Monetti, un fonds de 25 000 euros pour accorder un prêt à taux zéro à des moins de 25 ans, dans le cadre de leur installation (caution, premier loyer, etc). 15 jeunes ont pu en profiter. Nous allons tirer un bilan de cette initiative, pour éventuellement l'étendre.
Au sujet du logement, il faut relancer la machine, le moins que l'on puisse dire c'est que le gouvernement est timide en la matière. J'annoncerai dans les semaines à venir, à la suite d'une étude précise, le nombre d'appartements que nous pourrions aménager en surélévation, c'est-à-dire en ajoutant un ou plusieurs étages à des immeubles niçois existants. Il y a des opportunités intéressantes en la matière, qui ne nuiront pas à l'environnement.