Mireille Damiano est avocate à Nice. Elle a mené la liste de gauche "Viva ! Démocratie, écologie, solidarité" pendant les municipales, remportant 8,90% des suffrages au premier tour
NICE-PRESSE. L’État et la Ville ont déployé des renforts policiers (voir notre article) dans la cité des Liserons et promis différents aménagements pour éviter de nouvelles violences urbaines. Comment accueillez-vous ces annonces ?
Mireille Damiano : Devant un certain nombre de faits graves, il n'y a pas d'autres solutions qu'une augmentation de la présence policière. Mais la surenchère sécuritaire ne peut pas marcher sur du long terme. Il faudrait une police de proximité qui ait une réelle connaissance de la population.
Les Liserons ont été abandonnés. On ne règlera pas cela en stigmatisant telle ou telle zone de Nice ou telle ou telle communauté.
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N-P. On a parlé d’affrontements communautaires comme motif probable des dernières fusillades, entre maghrébins et Tchétchènes. Une main-mise sur le trafic de drogue serait aussi en jeu.
M. D. : Ce quartier a des problématiques sociales évidentes, liées à son enclavement et au manque de services publics. C'est en y apportant des solutions qu'il y aura un réel apaisement dans la durée, sur l'ensemble des sujets.
"Je ne crois pas à un embrasement des cités niçoises"
N-P. Partagez-vous l'analyse selon laquelle les quartiers de la ville traversant les mêmes difficultés que les Liserons pourraient connaître des violences semblables ? En clair, que la surveillance ou la destruction de cette cité pourrait "déplacer le problème"?
M. D. : Les choses ne sont pas aussi simples. Ce sont des problèmes complexes qui ont dans chaque quartier leur réalité. Je ne crois pas à un embrasement des cités lié aux Liserons.
"La liste écolo est plus que 'light' sur la solidarité"
N-P. L'entre-deux-tours des municipales à Nice, dans le contexte du déconfinement, se fait sans meetings, sans débats. Quel est votre regard sur cette fin de campagne ?
M. D. : On a toujours dit chez "Viva!" qu'organiser un second tour dans les conditions que nous connaissons est un déni de démocratie. Le taux de participation ne sera pas plus haut : cela va affecter la légitimité des futurs élus. C'est une erreur fondamentale.
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De plus les électeurs n'ont pas beaucoup de choix pour ce second tour. Par exemple, sur les sujets sociaux où la droite (Christian Estrosi, ndlr) et l'extrême-droite (Philippe Vardon, ndlr) ne sont pas présentes, on aurait pu penser que la liste écolo serait une alternative. Or, elle propose une politique sociale et solidaire plus que "light" et nous avons de sérieuses réserves sur leur tête de liste, Jean-Marc Governatori.
Nous ne pensons pas un instant que les Verts constitueraient une opposition fiable et vivace à la majorité de droite.
Quant au Rassemblement national, on peut craindre une surenchère sécuritaire et une accélération de la xénophobie à Nice. Le budget de la sécurité est assez élevé chez nous et notre ville a besoin d'apaisement.
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N-P. : De quelle façon "Viva!" compte-t-elle s'inscrire dans le débat public après l'élection ?
M. D. : Les Niçois pourront compter sur nous pendant la prochaine mandature. Nous allons poursuivre nos rencontres dans les quartiers, nos débats et notre publication qui va être renforcée (le journal "Info Viva!").
Notre formation va développer un travail de fond pour la reconstruction des forces politiques à Nice. Nous avons la force et la motivation pour mener ce combat.
Propos recueillis par Clément Avarguès le 18/06/20