À Nice, le Tribunal administratif cassait ce mercredi un marché passé par une régie publique pour l'achat d'une statue de Jeanne d'Arc, dévoilée à Nice-Nord fin 2024. L'oeuvre devra être démontée, malgré la procédure en appel. L'opposition promet de se mobiliser.
C'est le préfet des Alpes-Maritimes qui avait lui-même porté l'affaire devant le Tribunal administratif, c'est également lui, qui, ce soir, en expose les conséquences à la presse.
Auprès de l'AFP, Hugues Moutouh a indiqué ce 15 janvier que la décision judiciaire "implique le démontage de la statue" et "le remboursement par le prestataire des sommes qui lui ont été versées", soit 170.000 euros hors taxes.
Tout en précisant que "l'éventuel appel contre ce jugement n'est pas suspensif" et qu'un courrier "va être adressé à la Régie Parcs d'Azur (la RPA, qui avait passé la commande, NDLR) pour lui rappeler qu'elle doit exécuter le jugement sans délai".
Début 2024, le juge des référés n'avait pas suspendu l'exécution du contrat, ce qui avait permis aux artisans de l'atelier local Missor de livrer leur oeuvre, avant l'organisation de plusieurs inaugurations à la fin de l'année dernière. Au coeur d'un nouveau jardin, la sculpture avait été très bien accueillie par les riverains.
La bataille continue donc, avec la RPA qui assure qu'elle n'était pas tenue d'ouvrir un appel d'offres, et la préfecture qui y voit une procédure illicite. En première instance, la justice administrative y a donc vu "un vice d'une particulière gravité". Par ailleurs, le conseiller municipal écologiste Jean-Christophe Picard avait déposé auprès du Procureur un signalement, entraînant l'ouverture d'une enquête.
"On ne touche pas à Jeanne d'Arc"
À ces contestations s'adjoignent des remises en cause bien plus politiques.
Dès l'annonce de la commande, la gauche locale avait critiqué et le choix du prestataire - un atelier Missor aux accointances supposées avec le Rassemblement national - et la figure de Jeanne-d'Arc, accusée d'avoir été sélectionnée pour que le maire, Christian Estrosi, puisse s'attirer les bons sentiments de la droite-très-à-droite. Lequel avait démenti, arguant que la bergère "appartient à tous les Français".
Las, le collectif Viva, affilié à la France insoumise, dénonçait "une provocation absurde", "une énorme statue pour une sainte ! Et qui va coûter très-très cher aux contribuables". Réponse du président de Parcs d'Azur, Gaël Nofri : "Ce n'est ni le budget de la Ville, ni celui de la Métropole qui est utilisé, c'est celui de la régie des parkings, où l'impôt des ménages d'abonde pas".
Après l'annonce de la décision du Tribunal administratif, le chef de file de l'opposition ex-RN au conseil municipal a réagi.
Sur X (ex-Twitter), Philippe Vardon a ainsi noté : "On ne touche pas à Jeanne d'Arc. La superbe statue réalisée par l’Atelier Missor pourrait être déboulonnée ! Il est difficile de ne pas voir un fond politique dans ce jugement. Les élus du groupe Retrouver Nice s’y opposeront par TOUS les moyens."
🛡️ ON NE TOUCHE PAS À JEANNE D’ARC ⚔️
— Philippe Vardon (@P_Vardon) January 15, 2025
Suite à la décision du Tribunal administratif de Nice, la superbe statue de Jeanne d’Arc réalisée par l’Atelier Missor pourrait être déboulonnée ! Il est difficile de ne pas voir un fond politique dans ce jugement.
➡️ Les élus… pic.twitter.com/r3eDfLI36e
Vous faites preuve de beaucoup de prudence à l'heure d'étiquetter l'atelier Missor, mais vous auriez pu vous contenter d'indiquer que leurs membres s'inscrivent bel et bien dans la mouvance nationaliste et d'extrême-droite. J'ignore si cela est synonyme d'"accointances avec le RN", mais on peut aisément juger qu'ils font partie de la même "famille politique". Vous êtes beaucoup plus catégorique concernant Viva, un collectif citoyen présenté comme étant "affilié à la France insoumise". Ceci est un peu plus étonnant, mais surtout faux : Viva compte en effet en son sein des membres de LFI… mais aussi du PCF local (Robert Injey) et des dissidents… Lire la suite »