La Fondation Abbé Pierre dévoilait cette semaine son rapport annuel sur le mal-logement. À Nice, comme en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, la situation reste très préoccupante et les pouvoirs publics n'agissent pas assez, relève l'association.
Loyers hors de prix, logements sociaux inaccessibles… La Fondation Abbé Pierre dévoilait son dernier rapport sur le mal-logement jeudi 30 septembre. Le bilan de Nice n'est vraiment pas reluisant, il est même "absolument catastrophique".
Plusieurs points viennent ternir l'image de notre ville, à commencer par les prix de l'immobilier, souvent excessifs.
Selon Florent Houdmon, directeur régional de la Fondation, NCA est carrément la Métropole (Nice et les 48 communes environnantes) "la plus chère de France après Paris" avant d'ajouter que "les loyers du parc privé ont augmenté deux fois plus vite à Marseille et Nice qu'à Paris ou Lille".
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Le territoire reste en effet exclusif sur l'achat de biens avec des prix situés entre 5.000 et 7.000 euros le m², parfois même 10.000 euros et au-delà.
La location n'est pas plus confortable puisque, là encore, Nice se place derrière Paris au niveau des tarifs, avec 16-17 euros du m².
Pénurie de logement sociaux
Autre point critiquable et déjà connu par ici : l'offre trop faible de logements sociaux.
Dans les Alpes-Maritimes, sur 194 communes, seules 13 respectent la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbain) qui impose 20 à 25% de logements sociaux. Nice n'en fait pas partie et se classe même troisième ville de France de plus de 30.000 habitants où l'accès à ce type d'habitation est le plus difficile.
Cette carence n'est pas inhérente à notre cité puisque Antibes, Menton, Villeneuve-Loubet ou encore Cannes et Beaulieu-sur-Mer sont considérées comme étant de mauvaises élèves.
Le cas de la région, qui compte 850.000 personnes pauvres, est aussi inquiétant. En juillet, le préfet Christophe Mirmand, alertait sur la situation : "À l'échelle de PACA, on avait atteint 12.000 logements sociaux construits ou agréés en 2019, or le chiffre est tombé à 7.000 en 2020".
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Au total, la proportion de HLM plafonne à 12% en Provence-Alpes-Côte d'Azur et à 9% dans les Alpes-Maritimes. La moyenne nationale se situe à 15%.
"Inaction" des pouvoirs publics ?
Un grand nombre de précaires doivent se résigner à être hébergés en attendant d'avoir accès à un logement. Dans notre département, ils sont 9.000 dans cette situation.
Plus alarmant, certains vivent dans la rue ou dans l'un des sept bidonvilles maralpins. Un contraste saisissant avec l'image de carte postale généralement renvoyée par la Côte d'Azur.
D'autres encore sont entassés dans des appartements trop petits. À l'Ariane, un logement sur trois est surpeuplé. Dans le 06, ce chiffre est d'un sur cinq.
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Florent Houdmon estime que les pouvoirs publics pourraient en faire davantage : "aucune métropole de la région n'a mis en place l'encadrement des loyers."
L'attrait touristique du territoire est donné comme l'une des causes de cet envol des prix de l'immobilier, et ça "se paie au prix fort" .
Le directeur régional de la Fondation rappelle aussi que "dans les Alpes- Maritimes, la moitié de la population doit consacrer plus de 25% de ses revenus pour se loger. Et c’est un chiffre médian. Cela veut dire que ça peut monter à 40 %, 50 %, 70 %…"
Que dit la loi ?
Hormis la loi SRU évoquée plus haut, les consommateurs peuvent faire appel à la loi Dalo (Droit au logement opposable). Ce texte permet aux personnes menacées d'expulsion, ou vivant dans des logements impropres, de saisir la commission de médiation si elles n'ont pas reçu de proposition de logement social.
Dans le cas où les demandeurs ne reçoivent aucune proposition de logement, le tribunal administratif peut être saisi. Dans notre département, 700 foyers ont eu gain de cause, sur 3.000 demandes.