Alors que des attaques sanglantes à l'arme blanche agitent Bordeaux depuis plusieurs semaines, le nouveau maire écolo de la capitale girondine a mis beaucoup de temps à réagir… pour ne finalement rien annoncer. Tout en prenant de franches distances avec la politique sécuritaire de Nice, qui n'a pourtant rien à lui envier.
- Depuis Bordeaux
La "belle endormie" s'est réveillée avec des pulsions meurtrières. Lundi dernier, atroce spectacle dans le quartier de la gare de Bordeaux : un adolescent s'enfuit en courant, la main tranchée à la machette. Et ce type de scènes horribles ne concernent pas que les "quartiers chauds", comme celui de Saint-Michel ou de la Victoire. Il y a quatre jours, un homme a été poignardé sur le miroir d'eau, le centre historique de Bordeaux !
Comme "effroyable bilan de l’insécurité", le magazine Valeurs actuelles comptait au 23 juillet dernier 47 blessés dont 26 par arme blanche depuis juin. Depuis, ce "bilan" s'est encore alourdi.
Le nouveau maire EELV/union de la gauche Pierre Hurmic a mis de longues semaines à réagir. Des dizaines de Bordelais poignardés, blessés ou tués plus tard, il tenait une conférence de presse ce mercredi 29 juillet. C'était la première fois que le premier magistrat de la ville s'exprimait sur ces attaques au couteau.
Quand la police municipale a plus de mal à s'armer que les criminels
Ceux qui attendaient une réponse martiale en auront pour leurs frais. M. Hurmic s'est dit "en désaccord total avec le maire de Nice", considérant "l'extension des compétences de la police municipale" que ce dernier vient enfin d'obtenir comme "un engrenage".
"La police municipale n'est pas là pour faire le job de la police nationale, à chacun sa sphère de compétence"
"Je suis hostile à l'armement de la police municipale", a-t-il ajouté. "Pour assurer la tranquillité publique, la police municipale n'a pas besoin d'être armée."
Pourtant, alors qu'un "recrutement d'urgence" dans les rangs de la PM est organisé, la Ville se retrouve face à une pénurie de candidatures. Les aspirants policiers auraient-ils assez peu envie de se retrouver sans arme face à des fusillades comme celle qui a éclaté en ville il y a encore quelques heures ? L'opposition municipale a dénoncé "des manquements évidents".
"Certains disent que c'est un obstacle au recrutement de policiers municipaux, je n'en suis pas persuadé. Ils ne sont pas démunis, ils sont équipés de Taser…" a répondu devant la presse Pierre Hurmic.
"La ville n'est plus calme comme jadis"
Autre point de désaccord majeur entre le nouvel édile et Christian Estrosi : son désintérêt pour la vidéo-protection.
"Je ne serai pas le maire de la multiplication des caméras de vidéo-surveillance", a-t-il également souligné. Il ne devrait pas faire démonter les équipements déjà existants… mais il compte faire établir "un état précis des résultats obtenus pour se faire une idée de leur efficacité."
Pas d'arme pour la police municipale, pas de nouvelles caméras… mais le GTLD (Groupement local de traitement de la délinquance) a été renforcé. Il faut dire que depuis son installation en septembre, il n'a pas brillé par son efficacité.
Pour Amine Smihi, adjoint au maire à la sécurité, l'État doit "prendre conscience de la situation actuelle" : "On ne peut plus avoir un dispositif de police nationale qui soit calibré comme au temps jadis où la ville était calme."
Évoquant à Bordeaux la "banalisation des deals de rue, rixes, agressions" et de "pratiques mafieuses pouvant aller jusqu'au trafic d'être humains", il a déploré des "faits d'une gravité que nous n'avons que très peu connus par le passé et qui se multiplient, avec la présence d'armes blanches voire de poing".