À Nice, le Carnaval attire de très nombreux visiteurs chaque année. Certains profitent de l'évènement installés confortablement dans les tribunes, mais d'autres se contentent d'observer ce qu'ils peuvent derrière les grandes palissades noires. Prix, manque de places, ou nostalgie… Les raisons sont nombreuses.
Comme chaque année, ces photos ont fait le buzz. Bloqués derrière les hautes barrières opaques qui ceinturent la place Masséna pour lutter contre le terrorisme, des curieux tentent d'apercevoir les beaux chars sans avoir accès aux festivités. Un tweet de ce type a par exemple été relayé par 8.000 personnes :
Le Carnaval de Nice en une image !… 😔 pic.twitter.com/fPHIIK7717
— Maryline Maubois (@MaryMbois) February 12, 2022
L'occasion pour les élus écologistes de l'opposition municipale de tacler cette décision :
"La crise sanitaire a bon dos quand elle sert à justifier que les Niçois qui ne paient pas soient exclus de leurs propres évènements"
Nice Écologique, groupe politique au conseil municipal de Nice
Cette année, la quinzaine se voulait plus populaire avec notamment une cérémonie d'ouverture gratuite pour tous. Mais ces changements - qui n'ont pas tous été mis en oeuvre à cause de la flambée épidémique - ne semblent pas suffisants pour convaincre certains locaux…
À quelques pas de la manifestation, Huguette Anenni tente d'apercevoir de petits bouts du corso illuminé, ce mardi 22 février. Cette Niçoise est nostalgique du "Carnaval d'avant" : "quand j'étais petite, mon grand-père était carnavalier. J'assistais donc toujours à ce rendez-vous festif."
Lire aussi : Écologie : le Carnaval de Nice vraiment sur le point de bannir les confettis ?
"Mais aujourd'hui, je ne m'y autorise pas car ce n'est plus ni authentique, ni populaire… Ça ne me donne plus tellement envie. Je regarde juste comme ça, de loin. D'ailleurs, ça faisait longtemps que je n'étais pas venue…"

Pour son compagnon, Antoine Anenni, le constat est le même : "il y a une quarantaine d'années, je portais les têtes. Je connais bien l'événement et son ambiance. De nos jours, ce n'est plus pareil. Ça manque vraiment d'âme… Tout s'est modernisé…"
"Je ne pense pas que ça soit les attentes des Niçois. J'ai décidé de ne plus y aller"
Manque de places
Le Carnaval a bien pu se tenir cette année malgré le Covid, mais dans des conditions particulières. Face aux restrictions sanitaires, et notamment aux jauges, cet événement qui rassemble habituellement 200.000 personnes, ne pouvait accueillir que moitié moins.
Ainsi, malgré le rajout de places au fil des jours, les disponibilités restent moins importantes que lors des précédentes éditions. De quoi décevoir certains, pourtant venus de loin.
Martinez Denise a fait plus de mille kilomètres pour assister au show et pourtant, elle devra se contenter de rester derrière les palissades.
Lire aussi : Nice : avec la Parada Nissarda, un défilé « 100% local » pour carnaval (en photos)
"Je suis venue il y a trois-quatre ans, on avait des billets comme on voulait. Là, c'est impossible. Ils auraient dû prévenir qu'il fallait réserver automatiquement par internet, et à l'avance. Je trouve ça vraiment inadmissible."

Même tableau pour Sebastiano Rosello, de Lyon. "Je suis dégoûté de ne pas pouvoir profiter à 100% de ces chars qui ont l’air splendides. Je compte tout de même rester ici jusqu’à la fin de la soirée pour admirer au maximum."
Un prix trop élevé
Parmi les diverses raisons qui font que certaines personnes restent à l'extérieur, on retrouve aussi la question du prix. "Je me suis arrêtée pour regarder le défilé à travers les palissades" détaille Corinne Mathe lors de la Bataille de Fleurs, ce mercredi 23 février. "Je me contente de ça, les billets sont trop chers."

Mitrovic Ljubica vit à Nice depuis de nombreuses années. Pour elle, c'est le même ressenti : "avant on pouvait y accéder gratuitement, mais maintenant c'est payant. Et en plus ça coûte assez cher ! Même les confettis et les serpentins ne sont pas donnés… Je pense qu'aujourd'hui, on a mis le cap sur les touristes."
Cette année, pour justement répondre à ces critiques, un Village de Carnaval a été installé sur le Promenade du Paillon. Très spartiate, il figure parmi nos "flops" de cette édition 2022.
