La loi n'empêcherait pas la Métropole de commander des vaccins, mais il lui faudrait le feu vert des autorités sanitaires pour administrer les doses. L'exécutif plaide notamment "l'équité territoriale" pour s'opposer au volontarisme de Nice, un grand principe qui n'est pourtant pas respecté
Le président de NCA Christian Estrosi expliquait hier, mardi 30 mars sur BFMTV, que des « accords » internationaux ont été passés avec les Russes pour obtenir le Spoutnik V, puisque l’Union européenne ne s’est pas positionnée pour le moment, en l’absence d’un feu vert sanitaire.
Comme nous le développons dans cet article, le chemin vers son autorisation sur notre territoire pourrait encore traîner un moment. D’autant que le « monsieur vaccins » de l’UE le juge inutile, malgré la pénurie de doses que la France et les autres pays membres connaissent depuis plusieurs semaines.
« On peut dire que nous avons passé des précommandes, d’une certaine façon » a bien voulu concéder le président de la Métropole Nice Côte d’Azur à l’antenne de BFMTV-RMC devant l'insistance de Jean-Jacques Bourdin sur ce terme, « puisque l’Union européenne ne s’est pas encore positionnée » sur le sérum russe. « Évidemment, il nous manque l’autorisation d’administrer » ces doses a souligné Christian Estrosi, puisque qu’il ne s’agit pas là d’une compétence des collectivités locales.
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Tout en vantant le gain de temps, crucial dans cette crise sanitaire, permis par les relations internationales nouées par Nice : « rappelez-vous des masques et du matériel médical que nous avons réussi à faire acheminer chez nous l’année dernière » a‑t-il rembobiné.
Christian Estrosi (@cestrosi) confie avoir passé des précommandes du vaccin russe Spoutnik pic.twitter.com/OWZozGLspy
— BFMTV (@BFMTV) March 30, 2021
La réponse du gouvernement
Jusqu’à présent, toutes les commandes de vaccins pour la France ont été passées via l’Union européenne avec les laboratoires pharmaceutiques. Le président de la Métropole Nice Côte d'Azur peut-il passer outre et en effectuer de son propre chef ? Ce n'est pas impossible !
"Il y a juridiquement un flou…" admet le ministère de l’Économie auprès du magazine Capital. "Dans les contrats déjà conclus, rien n’interdit les laboratoires de passer des contrats avec des collectivités, voire des entités complètement privées comme les entreprises".
Là où Bercy emet quelques réserves, c'est "d’un point de vue opérationnel", puisque "toutes les capacités de production sont déjà dédiées aux contrats signés par l’UE et les autres pays". Mais rien n'empêcherait, sur le papier, de faire acheminer à Nice des doses produites ailleurs qu'en Europe.
Le ministère de la Santé doit se faire des cheveux blancs avec les élus maralpins. On se souvient que la semaine dernière, le maire LR de Cannes David Lisnard décidait d'ouvrir la vaccination à tous ses administrés de plus de 50 ans. Une initiative en complète contradiction avec les ordres émis par les services d'Olivier Véran.
Ces derniers ne sont pas non plus ravis du volontarisme affiché par le maire de Nice : "La politique vaccinale est une stratégie nationale qui a, parmi ses principes directeurs, l’équité territoriale et le fait de permettre à chaque citoyen français d’accéder à la vaccination dans des conditions d’équité qui sont promues et défendues" ont-ils répondu.
Dans les faits, le niveau de vaccination varie très fortement d'un territoire à l'autre. Dans les Alpes-Maritimes, un département qui a reçu des doses supplémentaires au vu de la flambée épidémique, 16.6% de la population a reçu une première dose du sérum anti-Covid, un chiffre bien supérieur à la moyenne nationale, 11.95%. En Seine-Saint-Denis, seuls 8.23% des habitants sont dans cette situation, 8.62% en Seine-et-Marine, d'après Covid Tracker. "Équité territoriale"?