DÉCRYPTAGE -- Voilà près d'une semaine qu'il en a fait la demande et rien ne semble avoir bougé : peut-on espérer rapidement, comme l'a réclamé le maire de Nice, l'arrivée du vaccin russe Spoutnik V ? Vendredi 12 mars, Christian Estrosi a demandé l'autorisation de l'administrer aux habitants de la métropole NCA, assurant pouvoir s'en procurer "des milliers de doses" grâce aux bonnes relations qu'entretiennent la collectivité et la Russie.
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Niet, du côté du préfet des Alpes-Maritimes Bernard Gonzalez, qui a seulement avancé, au cours d'une conférence de presse, que ce n'était "pas prévu au programme".
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C'est quoi ce vaccin ?
Développé par la Russie, Spoutnik V, un vaccin dit à « vecteur viral », serait efficace à 92%, comme le confirme la prestigieuse revue scientifique "The Lancet". Quarante-huit pays l’ont homologué à l’heure actuelle. Dans l’Union européenne, la Hongrie l'a mis en circulation sans même attendre l’avis de l’Agence européenne du médicament.
Est-il "snobé" par la France et l'UE ?
C'est ce que pense la Russie, qui estime qu'une campagne est menée contre son sérum pour des raisons diplomatiques.
"Tous les vaccins sont les bienvenus dès qu'ils sont validés", a estimé en février Clément Beaune, le secrétaire d'État chargé des Affaires européennes, une position que partage la chancelière allemande Angela Merkel. La diplomatie européenne salue même carrément "une bonne nouvelle pour l'humanité".
À quelle date peut-on espérer le voir débarquer ?
L'Agence européenne des médicaments a démarré son examen ce mois-ci : aucun feu vert ne devrait pouvoir être donné quant à son utilisation en France sans passer par cette étape.
Comme le rapporte franceinfo, la Russie a proposé de livrer "50 millions de doses" en Europe à partir du mois de juin, "ce qui est peu pour un vaccin qui nécessite deux injections". Si la Métropole Nice Côte d'Azur pouvait se faire acheminer des doses, il faudrait définir le cadre de cette livraison, peu habituelle dans cette configuration, puisqu'il ne s'agit pas là d'une compétence des collectivités locales.
La Russie s'est également dit prête à "lancer l’approvisionnement des pays qui autoriseront Spoutnik V" en se passant de l'avis de l'autorité sanitaire européenne.
L'UE devrait produire elle-même ce vaccin russe sur son territoire, Moscou n'était pas en capacité de répondre à la demande massive : des pays, comme notamment l'Italie, sont déjà candidats pour avoir l'autorisation de le faire. Des "accords de production" auraient été trouvés "avec des sociétés d’Italie, d’Espagne, de France et d’Allemagne" d'après le Fonds souverain russe (RDIF).
"Pour l'instant, aucun site dans l'hexagone ne peut prendre en charge cette production" tempère franceinfo. Et le ministère de l'Économie assure "ne pas être au courant" de ces accords. Le chemin risque donc d'être encore long.