D'après Les Républicains, Nice serait aussi mal gérée que le Paris de Anne Hidalgo. Pour les socialistes, il faudrait même la placer sous tutelle. Le premier cercle du maire se livrait aujourd'hui à une opération déminage.
La presse était conviée ce 13 juin en mairie : objectif affiché, montrer qu'il n'y a rien de caché derrière les rideaux. En rang d'oignon, le directeur de cabinet, le patron des services (DGS), l'adjointe chargée des finances, Magali Altounian.
La foire d'empoigne autour des comptes niçois s'étale depuis des mois. En janvier, Christian Estrosi était venu défendre dans nos colonnes "une situation équilibrée des finances publiques" et une collectivité "gérée en bon père de famille".
Las, les oppositions de tous bords brandissent la menace d'une banqueroute, ou d'un humiliant placement sous tutelle. La veille du conseil communal, le premier cercle du maire a souhaité "rendre des comptes aux Niçois". C'est le mot.
Le "dircab" du premier édile, Bastien Nespoulous, habituellement plutôt badin, a la mine fermée. "On a du mal à accepter les caricatures, les manipulations" pose-t-il. "Manifestement, certains aimeraient que Nice aille mal. Ce n'est pourtant pas le cas".
Magali Altounian veut insister sur les "bonnes nouvelles". Sans entrer dans un détail indigeste, pour l'exercice 2022, les recettes sont en hausse de 5,6% (+15 millions d'€), la progression des dépenses de fonctionnement, contenues grâce à un plan d'économie, n'atteint qu'1,3%.
L'investissement tourne, lui, autour de 82 millions d'€ (21 pour la culture, 12 pour le verdissement, 4,4 pour la sécurité…). Finalité : "nous avons pu dégager un résultat positif pour l’exercice 2022, soit un excédent de 5,1 M€".
Faut-il s'inquiéter de la dette ?

Nice serait, d'après la respectée Gazette des communes dans une "situation critique".
Le nombre d'années nécessaires pour le remboursement complet de la dette par l'épargne brute d'une collectivité permet de les comparer entre elles. En 2021, Nice dépasse les 52 années, deux fois plus que Paris, s'affichant comme la plus mauvaise élève de France.
"Il s'agit des chiffres de 2021, l'année où les effets de la crise sanitaire ont été les plus importants" rappelle Bastien Nespoulous. "L'économie de Nice est principalement touristique, raison pour laquelle nous avons été plus impactés que les autres grandes villes. Et que nous avons noté un très net rebond de l'activité sitôt les restrictions levées".
En 2022, cette capacité de désendettement aurait fortement évolué, d'après les chiffres de la municipalité. De 52 à 15 années. Autour de 15 ans, on a tout de même coutume d'estimer que nous sommes dans le rouge, non ? "Notre système dynamique de gestion du patrimoine minore en réalité ce chiffre. En prenant en compte cela, nous sommes autour de 8 ans".
Le directeur des services complète : "nous avons une dette d'environ 500 millions d'euros. Vous en enlevez 90 qui correspondent aux loyers d'avance pour le grand stade. Nous sommes à 400 M de dette. Pour un patrimoine qui dépasse les 3 milliards d'euros !"
Donc pas de raison de s'inquiéter d'une mise sous tutelle ou d'un placement dans le réseau d'alerte ? "Aucune de ces options n'est sur la table. Mais nous en sommes loin puisque la part locale de la taxe foncière n'évolue pas chez nous, contrairement à ce qui est le cas dans les autres grandes villes" pointe Magali Altounian. "Nous pouvons donc tenir l'engagement d'assumer nos compétences, contrairement à d'autres, en dépensant pour la qualité de vie des Niçois".