1/2. En ce début d'année, le maire de Nice et président de la Métropole fait un point complet sur l'impact qu'ont l'inflation et la crise de l'énergie sur les finances locales. Quelles conséquences sur les projets du territoire ? Christian Estrosi déroule son calendrier auprès de Nice-Presse.
Son objectif, c'est de "ne pas toucher aux impôts locaux". Pour cela, l'édile demande à l'Etat de soutenir davantage les collectivités sur leurs grands dossiers structurants. Quelques projets parmi les moins prioritaires sont reportés. On fait le point sur ceux que vous attendez le plus.
Dans une seconde partie de l'entretien, Christian Estrosi annonce plusieurs nouvelles mesures pour le pouvoir d'achat et l'assistance aux Niçois les plus précaires.
"Une situation équilibrée des finances publiques"
La Ville et la Métropole frôlent le plafond d'endettement. Beaucoup de choses sont dites à ce sujet. Les Niçois doivent-ils s'inquiéter de l'état de nos finances ?
Pendant 14 ans, sans interruption, nous avons investi pour l'attractivité, pour le développement de l'économie, pour la cohésion sociale, la qualité des services publics… Sans oublier notre patrimoine, comme l'atteste notre classement à l'UNESCO.
Eh bien cela ne change pas. Nous restons sur la même trajectoire, dans une situation équilibrée des finances publiques.
J'ai toujours géré Nice en bon père de famille. Prenons un chiffre tout à fait intéressant : en 2008, l'actif de la Ville était estimé à 2,9 milliards d'euros. En 2021, nous en sommes à 3,5 milliards !
Parlons de l'habitant de la Métropole. La valeur de l'actif est passée de 828 millions d'euros à 4,5 milliards. Une hausse de 440 %. Les administrés bénéficient d'un patrimoine bien plus important.
À combien s'élève la dette de Nice ?
Je préfère parler d'investissement, que de dette. Nous pouvons développer nos projets parce que nous disposons d'un endettement par habitant moins important que celui de bien d'autres collectivités.
La dette par habitant de Nice, sur laquelle se base le ministère de l'économie, s'élève à exactement 1.499 euros (environ 500 millions d'euros au total, NDLR).
C'est 1.690 euros au Cannet, 1.760 à Grasse, 2.625 à Cannes, 2.733 à Antibes.
Prenons Péone Valberg (fief du président du Département Charles-Ange Ginésy, NDLR). Elle est à 3.846 euros par habitant : c'est l'équivalent de celle de Paris !
Et la Métropole ?
2.917 euros par habitant (1,6 milliards, NDLR).
Comparons ce qui est comparable. Toutes les métropoles de France n'ont pas les mêmes compétences. Par exemple, nous avons celle de la voirie. Ailleurs, ce sont les Départements qui s'en occupent.
À Paris, les transports dépendent de la Région. Ici, c'est la Métropole. Et c'est l'un des postes de dépenses les plus lourds.
Nous continuons de rembourser la ligne 1 du tramway lancée par mon prédécesseur, la ligne 2, le changement de rames, 2.500 kilomètres de voirie que nous modernisons, les bus électriques que nous achetons…
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En 2023, nous poursuivrons une grande politique d'investissement qui ne nous pose aucune difficulté.
Ayons bien à l'esprit que tout cela porte sur plusieurs générations. Le métro de Paris, pensé sous Napoléon III, a été payé en 100 ans.
Dans ces 2.917 euros par habitant, il y a aussi les 200 millions pour prendre en charge l'après-tempête Alex…
"L'Etat doit bien davantage financer nos projets locaux"
Vous demandez à l'Etat de nouveaux financements. Concrètement ?
Ce n'est pas Nice qui demande, ce sont les collectivités en général qui doivent être accompagnées par l'État. Lequel a apporté des réponses très précises aux familles, aux TPE-PME pendant cette crise. Nous devons en obtenir aussi.
Il faut qu'il participe davantage aux différents projets, en augmentant les dotations pour compenser le coût de l'énergie, et les subventions.
L'Etat doit donner environ 50 millions d'euros pour la future ligne 4, et pour la ligne 5 du tramway. Il faut faire beaucoup plus.
Le gouvernement vous a-t-il répondu ?
Il va par exemple financer à un niveau élevé le plan de verdissement de Nice, avec son "Fonds vert".
Avant le débat d'orientation budgétaire, début mars, nous saurons à quel point l'État va participer.
"Mon objectif est de ne pas augmenter les impôts"
Les impôts locaux vont-ils augmenter ?
Je ne vais pas vous répondre tant que nous n'avons pas eu cet échange avec les élus métropolitains.
Si des maires se prononcent en faveur d'une hausse, ça ne sera pas mon cas. Mon objectif est de ne pas les augmenter. Ou au pire de ne pas dépasser le niveau de l'inflation.
Je ne serai pas Anne Hidalgo qui décide d'un bond de 50 %, ou comme le maire de Lyon de 9 %. Nous resterons la grande commune où la fiscalité est la plus basse.
Je rappelle que les Niçois paient les impôts les plus bas qu'ils aient pu connaître, grâce à la suppression de la taxe d'habitation. J'ai été le seul maire des Alpes-Maritimes à m'engager pour cette mesure, très positive pour le pouvoir d'achat.
La députée Christelle d'Intorni estime qu'il y a un risque pour que la Métropole annule ou reporte des travaux dans les communes de Nice Côte d'Azur. Que répondez-vous ?
Lire : "Les villages ne paieront pas la dette de Nice"
Il n'est pas question de remettre en cause le plan pluriannuel d'investissement dans les communes (voiries, réseaux d'eau…). Nous co-décidons, tous ensemble.
Nice apporte, grâce à ses ressources fiscales, plus de 62% du budget de la Métropole, qui profite à tous les villages.
J'ai lu dans vos colonnes l'ancienne maire de Rimplas qui évoquait une "solidarité inversée".
Mais ce qu'elle apporte dans les caisses, c'est 0,02% ! Sans la Métropole, il lui aurait fallu 24 ans pour réhabiliter le bourg (pour 1,1 million d'euros). Avec, cela n'a pris que quelques années.
"Le calendrier des nouvelles lignes 4 et 5 du tram ne bouge pas"
Vous indiquez qu'à cause du contexte économique, certains projets non-prioritaires vont être décalés. Lesquels ?
Des opposants qui n'ont jamais rien réalisé de leur vie donnent de fausses informations dans la presse. Ils ne maîtrisent pas du tout ces sujets.
Voici clairement les dates. Les rénovations de l'Opéra, du musée Chéret, du 109, du palais de marbre et du muséum d'histoire naturelle sont décalées de 2025 à 2027. Nous serons évidemment prêts si nous sommes la capitale de la culture en 2028.
Les projets d'une nouvelle salle omnisports, d'une patinoire et d'un vélodrome sont reportés.
Les nouveaux groupes scolaires (évoqués dans le programme de 2020, NDLR): Méridia, c'est sûr, sera livré à la fin du mandat. Celui de L'Ariane, et le troisième route de Turin, pendant le prochain, mais pour des raisons liées au foncier.
Et ceux dont le calendrier n'est peu ou pas modifié ?
La ligne 4 du tramway sera partiellement mise en service (rive droite du Var) début 2026.
La ligne 5 sera à l'entrée de l'Ariane en même temps, au niveau du pont Garigliano. Les habitants y auront accès : des navettes en continu permettront de rejoindre l'arrêt de tram. Fin 2028, La Trinité et Drap, comme prévu.
Le calendrier du Port Lympia ne bouge pas : le verdissement, les travaux de la place Ile-de-Beauté après 2025…
Les trames vertes seront dans les temps. Il y aura au moins deux nouvelles piscines.
Le Palais des Arts et de la Culture (ex-Palais des expositions NDLR) sera ouvert en 2026.
Il y aura deux maisons de santé livrées d'ici 2026. Deux autres le seront au cours du début du mandat suivant. Notons que le privé s'y intéresse et pourrait vouloir participer ou en financer par lui-même.
Rien n'évolue pour les dates clés du futur hôtel des polices, largement financé par l'État.
Idem pour le raccordement de la voie rapide à l'A8. La première phase est toujours prévue en 2024, la seconde pour 2026.
Les priorités, ce sont la décarbonation et la rénovation thermique. Les aides aux particuliers sont toutes maintenues, et nous en lancerons bientôt de nouvelles, cette année.