Pour l'ancien vice-président socialiste de la Région Sud, Nice doit être mise sous tutelle "dans les plus brefs délais". Une procédure rarissime.
"Lorsque j’étais conseiller municipal et métropolitain (de 2008 à 2020, ndlr), je n'ai cessé de dénoncer, budget après budget, année après année, l'endettement. Je n'ai cessé de dire que nous allions dans le mur".
Ce mardi 6 juin, Patrick Allemand (Parti socialiste) agite le chiffon rouge. "Nous avons la ville la plus endettée de France. Il faut 52,85 ans pour la désendetter. Comment l'Etat, à travers son représentant local, le préfet, a t-il pu laisser faire cela ? (…) Nice doit être mise sous tutelle dans les plus brefs délais".
L'ancien édile de gauche s'appuie là sur un article paru, il y a cinq mois, dans la Gazette des communes. Nos confrères y dressaient un palmarès des "communes dans le rouge", d'après eux, du fait de leur dette.
La capitale des Alpes-Maritimes est décrite comme étant "dans une situation critique", avec une capacité de désendettement - le nombre d'années nécessaires pour le remboursement complet, par l'épargne brute d'une collectivité - de plus de 52 ans, largement devant Paris (24 ans) ou Marseille (8 ans).
C'est quoi, une mise sous tutelle ?
Ce tableau fait réclamer à Patrick Allemand une mise sous tutelle. Mais de quoi s'agit-il ? D'une décision lourde de sens qui n'est que très, très peu utilisée pour les grandes villes.
Concrètement, la municipalité n'aurait plus les mains libres pour gérer son budget, qui serait directement administré par le préfet. L'une des dernières grandes communes françaises comparables à avoir vécu cela reste Marseille… juste avant la seconde guerre mondiale.
Moins endettée que Cannes et Antibes
Faut-il réellement s'inquiéter à ce sujet ? Nice-Presse avait déjà posé la question à Christian Estrosi, au cours d'un interview publié dans nos colonnes en janvier dernier. Il avait défendu "une situation équilibrée des finances publiques" puis fait voter, en avril, un budget 2023 dont l'investissement est en hausse de 25%.
La dette par habitant de Nice s'élève à 1.499 euros (500 millions au total), soit bien moins, par exemple, qu'à Antibes, 2.732 euros, ou Cannes, 2.682 euros.
Dans un contexte économique dégradé, le maire avait réclamé à l'Etat un "accompagnement plus solide. Il faut qu'il participe davantage aux différents projets, en augmentant les dotations pour compenser le coût de l'énergie, et les subventions".