D'après un sondage publié ce vendredi 6 novembre, une très nette majorité des Français seraient favorables à un durcissement de notre arsenal juridique pour lutter contre la menace terroriste, quelques jours après, notamment, l'assassinat du professeur Samuel Paty et l'attentat à la basilique Notre-Dame de Nice.
Les Français perdent patience. Selon une étude réalisée par l'institut Ifop-Fiducial pour CNews et Sud Radio, une majeure partie d'entre eux réclament aujourd'hui des mesures particulièrement radicales pour lutter contre la menace terroriste.
Ainsi, près de neuf sur dix (89%) se disent favorables à la "déchéance de nationalité pour les personnes avec une double nationalité ayant commis des délits" et à l'expulsion des fichés S résidant dans l'Hexagone (une distinction est à faire entre les fichés S, qui peuvent concerner des militants d'extrême-gauche ou des écologistes par exemple et les FSPRT qui ne concernent que les islamistes radicaux représentant une menace terroriste).
Le "Guantanamo à la française", réclamé par le député LR Eric Ciotti, c'est-à-dire le fait de placer en détention préventivement, avant qu'elles ne commettent un crime, les personnes fichées est également soutenu par 70% des Français.
Interrogé par Nice-Matin sur cette idée, le maire de Nice Christian Estrosi a dénoncé "un lieu de torture, où sont bafoués les Droits de l’homme. Alors utiliser les méthodes de Guantánamo que la plupart des démocraties dénoncent, je n’adhère pas."
"Pas de populisme" pour Estrosi
Avant de faire valoir : "Moi je souhaite que les étrangers fichés soient renvoyés chez eux et que la nationalité française soit retirée aux binationaux. Et c’est déjà dans notre droit, a-t-il ajouté. La pire des choses serait que l’on se laisse entraîner dans le populisme. Il faut de la fermeté, mais il ne faut pas faire n’importe quoi. Pas d’emballement, pas de surenchère."
Un point qui plaira certainement au maire de Nice dont c'est un combat de longue date : les Français plébiscitent l'utilisation de la reconnaissance faciale à des fins de sécurité intérieure (78%), pour l'instant interdite par la CNIL.
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"Il y a eu une émotion terrible après la décapitation de Samuel Paty et l'attentat de la basilique de Nice, et donc un durcissement de l'opinion publique", analyse sur CNews Frédéric Dabi, directeur adjoint de l'institut Ifop.
"Il y a l'idée que ce problème du terrorisme existe depuis des années, et qu'il n'est pas résolu"
"Il y a une défiance à l'égard du gouvernement. Donc on appelle à des mesures chocs, qui trancheraient des sujets qui sont déjà dans le débat public" note encore le sondeur.
La majorité des interrogés (69%) se disent prêts à "adapter notre système judiciaire et prévoir des mesures d'exception qui dérogent à nos principes juridiques et constitutionnels", alors que le président de la République y est opposé.
Source : CNews
Note : Ce sondage a été réalisé du 3 au 5 novembre 2020, sur un échantillon de 2.030 personnes, par questionnaire auto-administré en ligne.